« Technologie et traite de personnes » intervention Michel Veuthey

01/10/2020. Traite de personnes et technologie – Intervention de Michel Veuthey, Ambassadeur de l’Ordre de Malte pour lutter contre la traite des êtres humains, à la 25e Conférence internationale de l’Université Webster (Genève) au CICG le 1er octobre 2020

Merci de m’avoir invité à prendre la parole aujourd’hui.

En tant que professeur de droit international et ambassadeur de l’Ordre de Malte pour la lutte contre la traite des êtres humains, je suis d’avis que nous devons utiliser tous les outils techniques qui pourraient nous aider à identifier, protéger, sauver et réhabiliter les victimes de la traite des êtres humains.

L’Ordre de Malte travaille depuis de nombreuses années à :
• sensibiliser à la traite des êtres humains
• partager les meilleures pratiques
• promouvoir l’action en faveur des victimes.

Je parlerai brièvement de la traite des êtres humains en général, puis de l’utilisation et du mauvais usage de la technologie en relation avec la traite des êtres humains. En conclusion, je ferai des propositions sur la manière de mieux utiliser la technologie pour prévenir et combattre la traite des êtres humains.

1. Définitions
1.1 Traite des êtres humains

La traite des êtres humains, forme contemporaine d’esclavage, est un fléau universel.
Il y a plus d’esclaves aujourd’hui que jamais dans l’histoire.
C’est un phénomène présent dans tous les pays et souvent invisible.

Elle touche entre 40 et 60 millions de personnes sous diverses formes :
• le travail forcé dans l’agriculture, la construction, les travaux domestiques, la pêche (y compris le travail des enfants)
• l’esclavage sexuel
• les mariages forcés et précoces
• la maternité forcée,
• les transplantations d’organes forcées,
• enfants soldats
• la vente d’enfants.

L’esclavage génère environ 150 milliards de dollars de profits illicites chaque année.

• 50% des victimes de l’esclavage sont en situation d’esclavage de travail
• 37% sont dans l’esclavage du mariage forcé,
12% sont dans l’esclavage sexuel. 71% des victimes sont des femmes et des filles, 29% des hommes et des garçons,
• 25% des esclaves aujourd’hui sont des enfants de moins de 18 ans…

Le nouveau Rapporteur spécial des Nations unies sur les formes contemporaines d’esclavage, le professeur Tomoya Obokata, du Japon, a récemment mis en lumière les raisons de la persistance de l’esclavage moderne dans l’économie actuelle, et la nécessité de responsabiliser les consommateurs et les entreprises lorsqu’ils achètent des produits et des services bon marché issus du travail d’esclave.

La technologie pourrait certainement aider à surveiller les chaînes d’approvisionnement.

Et maintenant, à la dernière partie de mon intervention. Que pouvons-nous faire ?

3. Propositions : Sensibiliser, éduquer et former

Comme nous l’avons vu, la technologie est une épée à double tranchant. Nous pourrions certainement faire un meilleur usage de la haute technologie pour promouvoir la coopération, créer des réseaux et des partenariats, créer des coalitions et partager les bonnes pratiques entre toutes les parties prenantes, qui sont :

Les Gouvernements, le système des Nations unies, les organisations internationales, les organisations régionales, les organisations non gouvernementales (ONG), et plus particulièrement les organisations confessionnelles, les universités, les médias, les entreprises privées (qui accordent de plus en plus d’attention à l' »audit éthique » et à la « responsabilité sociale des entreprises »), les communautés locales et les diasporas, les victimes et les survivants de la traite des êtres humains (qui ne doivent pas seulement être considérés comme des victimes mais doivent être habilités à participer à leur propre réhabilitation et, en général, à la planification et à la mise en œuvre d’activités de prévention et de protection contre la traite des êtres humains).

Ma conclusion en cinq points : combiner le facteur humain et la haute technologie afin de
1. Prévenir la traite de personnes
2. Protéger les victimes
3. Réhabiliter les survivants
4. Poursuivre les auteurs devant des tribunaux pénaux et civils
5. Éduquer et former toutes les parties prenantes pour mieux identifier, protéger et réhabiliter les victimes et survivants.

Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à participer à une formation en ligne gratuite sur la traite des êtres humains, pour l’instant disponible seulement en anglais, que vous trouverez sur www.cuhd.org. Je vous remercie de votre attention. J’attends avec intérêt vos commentaires et suggestions sur la manière d’améliorer la lutte contre l’esclavage contemporain et pour garantir le respect de la vie et de la dignité humaine de tous les êtres humains.


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