L’Allemagne mise sur la diplomatie pour la Syrie
Article paru sur le site Deutsche Welle le 16/04/2018 par Sandrine Blanchard
L’Allemagne prise entre deux feux : soutenir ses alliés américains, britanniques et français sans participer à une opération militaire en Syrie. Par ailleurs, aucune sortie de crise n’est envisageable sans la Russie.
L’Allemagne ne participera à aucune opération militaire en Syrie. En tout cas, pas directement. Angela Merkel et ses ministres le martèlent depuis la semaine dernière.
Tweet du ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, pour rejeter toute participation militaire directe de l’Allemagne en Syrie :
Leur discours n’a pas changé depuis les frappes de samedi, initiées par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France. Mais, tout en plaidant pour une solution diplomatique à la crise, en impliquant la Russie, Berlin est obligé de soutenir ses alliés occidentaux.
Une nouvelle voie avec la Russie
Le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas, enjoint les acteurs à trouver « une nouvelle voie » vers la résolution de la crise. L’Allemagne appuie la relance diplomatique occidentale initiée par la France et lance un appel en direction des pays qui ont de l’influence dans la région, la Russie notamment, alliée du régime syrien.
« Nous attendons aussi des initiatives constructives de la Russie, y compris dans la guerre en Syrie. Il ne suffit pas qu’elle protège Bachar al-Assad », a expliqué Heiko Maas.
Le principal souci du gouvernement Merkel est d’éviter une détérioration de ses relations déjà tendues avec l’administration Trump. Et la France est son alliée la plus étroite. Mais Berlin sait qu’il n’y aura pas de sortie de crise sans l’Iran et la Russie.
Les ministres européens des Affaires étrangères prônent aussi le dialogue et espère que les frappes ciblées vont « revigorer le processus visant à trouver une solution politique au conflit syrien », réaffirmant qu’il ne saurait avoir de solution militaire ».
La Russie plus constructive qu’il n’y paraît
D’ailleurs, Volker Perthes, directeur de la Fondation pour les sciences politiques (SWP) tempère sur la radio Deutschlandfunk. D’une part, le Kremlin n’a pas bloqué toutes les tentatives de résolution du conflit à l’ONU. Les Nations Unies travaillent ainsi encore sur la base de la résolution 2254 adoptée en 2015 à laquelle la Russie n’a pas opposé son veto.
D’autre part, le chercheur rappelle que Moscou a invité des représentants américains, français et onusiens à participer aux pourparlers de Sotchi sur la Syrie.
Quant aux possibilités de l’Allemagne de servir de médiateur, Volker Perthes estime que la France serait mieux placée. En dépit de l’inexpérience politique d’Emmanuel Macron, Vladimir Poutine est sensible aux démonstrations de force.
Une réunion est prévue à Bruxelles sur l’avenir de la Syrie les 24 et 25 avril. Volker Perthes préconise que le Secrétaire général de l’ONU convoque une réunion avec les dirigeants des grandes puissances.
« Je pense que la solution ne se trouvera pas sans les Nations unies – ne serait-ce que pour des questions de légitimité – mais bien sous l’égide des Nations unies », estime Volker Perthes.
Le porte-parole du gouvernement allemand a répété ce lundi que l’Allemagne ne voyait de solution de long terme à la guerre en Syrie qu’au terme du départ du président syrien Bachar al-Assad. Tout en reconnaissant qu’il faudrait, dans une phase de transition, « prendre en compte les réalités ».
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