Journée contre la traite des êtres humains : l’ONU appelle à protéger les enfants, les femmes et les migrants

Article paru sur le site des l’ONU le 29/07/2018

Les droits des victimes des trafiquants, des passeurs et d’autres formes modernes d’esclavage ou d’exploitation doivent devenir la priorité, a déclaré le Secrétaire général de l’ONU, à l’occasion de la Journée mondiale de la traite des êtres humains, célébrée le 30 juillet.

« La traite est un crime odieux qui se nourrit des inégalités, de l’instabilité et des conflits », a déploré Antonio Guterres dans son message, soulignant que les trafiquants exploitent l’espoir et la détresse d’autrui, et s’attaquent aux plus démunis en les privant de leurs droits fondamentaux.

« Les enfants et les jeunes, les migrants et les réfugiés sont des cibles de choix. Les femmes et les filles se retrouvent encore et toujours dans la ligne de mire », a regretté le chef de l’ONU, précisant qu’ils faisaient l’objet d’exploitation sexuelle odieuse, dont la prostitution contrainte, le mariage forcé et l’esclavage sexuel, ainsi que du commerce « effroyable » des organes humains.

Selon lui l’impunité dont jouissent les trafiquants « ne peut plus durer ».

A cet égard il s’est félicité de la résolution démontrée par les pays à prévenir, combattre et éliminer la traite des êtres humains dans le contexte du Pacte mondial pour des migrations qui doit être signé en fin d’année.

L’ONU est déterminée à prendre des dispositions pour que les trafiquants soient traduits en justice tout en s’attachant à protéger et soutenir leurs victimes, a affirmé le chef de l’Organisation.

Les enfants représentent un tiers des victimes

Pour sa part le directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a souligné la nécessité de renforcer les interventions contre la traite des enfants et des jeunes, qui représentent le tiers des victimes de ce crime.

« Protéger les plus vulnérables d’entre nous est devenu de plus en plus important », a déclaré Yuri Fedotov, précisant que les crises humanitaires et les conflits armés ont exposé les enfants et les jeunes à un risque accru, d’autant plus qu’ils se déplacent souvent séparés de leur famille.

Il a également mis en garde contre le fait que les trafiquants utilisent Internet et les nouvelles technologies pour élargir leur portée, en utilisant des applications et des forums de discussion afin d’exploiter et de tromper les jeunes, qui représentent certains de nos citoyens les plus connectés.

Le chef de l’ONUDC a mis en exergue l’importance de mettre en place des mesures efficaces contre la traite, qui tiennent compte des intérêts des enfants et des jeunes, tel que le Protocole contre la traite des êtres humains, affirmant que l’ONUDC aide les gouvernements à implanter de telles mesures.

Respecter les droits des migrants et réfugiés pour prévenir la traite des personnes

Aussi la Rapporteure spéciale contre la traite des personnes a appelé les États du monde entier a renforcer leurs efforts de prévention et de lutte contre la traite des êtres humains, en veillant notamment à ce que les victimes et les victimes potentielles soient considérées et traitées comme des titulaires de droits.

« Beaucoup de personnes qui sont la proie des trafiquants sont des migrants, y compris des réfugiés et des demandeurs d’asile, qui ont décidé de quitter leur pays pour diverses raisons, telles que les conflits, les catastrophes naturelles, la persécution ou l’extrême pauvreté » a explique Maria Grazia Giammarinaro.

« Ils ont laissé derrière eux leur réseau de protection sociale et sont particulièrement vulnérables à la traite et à l’exploitation », a ajouté la Rapporteure.

Selon l’experte la question est particulièrement urgente.

« Dans l’atmosphère politique anti-migration toxique actuelle, les migrants sont souvent ciblés comme une menace, alors qu’en réalité ils contribuent à la prospérité des pays d’accueil où ils vivent et travaillent » a précisé l’experte.

« À l’occasion de la Journée mondiale contre la traite des personnes, mon message est que même dans les moments difficiles, l’inclusion, et non l’exclusion, est la solution », a conclu Mme Giammarinaro


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