Kevin Rudd : réinventer l’ONU pour la sauver

Depuis un quart de siècle, la communauté internationale souffre d’une défaillance croissante de la gouvernance mondiale.

A la fin de la guerre froide, la mondialisation de la politique, la sécurité, l’économie, l’environnement et l’immigration ont créé une demande sans précédent pour une gouvernance mondiale efficace. Pourtant, ce modèle semble être en voie de disparition.

La crise de l’Etat-nation

Au sein des Etats et de leurs populations, cela nourrit la perception – et engendre peut-être la réalité – d’un monde en perte de contrôle, sans leader, sans Etat, ni aucune institution au gouvernail pour redresser le cap. Cette situation est aggravée par la crise de l’Etat-nation. Nous nous retrouvons ainsi dans un no man’s land entre des institutions nationales et supranationales trop faibles pour résoudre les problèmes actuels. Tout cela finit par alimenter la polarisation et l’aliénation politiques qui sont de plus en plus évidentes dans de nombreux Etats à travers le monde.

« Nous devons ainsi reconnaître l’urgence de ramener l’ONU des marges qu’elle occupe actuellement au centre de la gouvernance mondiale. C’est une question essentielle qui nécessite une forte volonté politique de la part de ses leaders, un mandat du Conseil de sécurité et le soutien des Etats membres. Cela demande une ONU «activiste», avec une longueur d’avance, qui ne réagit pas seulement aux crises une fois qu’elles se transforment en guerres. »

Cela suppose, en conséquence, une nouvelle politique et une culture de prévention à travers tous les champs de compétences de l’ONU : la paix et la sécurité, le développement durable et l’intervention humanitaire. Cela passe par une réforme fondamentale du régime migratoire qui fléchit sous le poids de la crise des réfugiés.

Pour cela, il faut également réaffirmer et réinventer le pouvoir de mobilisation unique de l’ONU, capable d’encadrer un nouveau modèle de prise de décision selon lequel les mécanismes et institutions internationales et régionales – tels que les institutions de Bretton Woods, les ONG et le secteur privé – agissent de concert avec l’ONU plutôt qu’en concurrence avec elle. Enfin, cela demande une nouvelle méthode de gestion financière de l’ONU, avec la participation de tous les Etats membres. Sinon, tout programme de réforme restera lettre morte.

Lire l’article paru dans « Le Monde »


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