En six ans de guerre, la Syrie a perdu un quart de sa population
Article paru sur le site du journal le Figaro le 30/03/2017 par Yohan Blavignat
Depuis le déclenchement de la guerre civile en 2011, plus de cinq millions de personnes ont fui le pays, principalement dans les États voisins, provoquant la plus grave crise humanitaire depuis 1945. Près d’un quart de ces réfugiés sont des mineurs.
En six ans de guerre, un quart de la population syrienne a fui le pays. Selon des chiffres dévoilés ce jeudi par le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), plus de cinq millions de Syriens – hommes, femmes et enfants – sont devenus des réfugiés depuis le début de l’insurrection en 2011, et ce alors que des ONG exhortent de nouveau la communauté internationale à accroître son aide. Le pays comptait 22 millions d’habitants avant la guerre.
«C’est une étape importante», a résumé la porte-parole du HCR en commentant ce nombre record de réfugiés. Outre ces cinq millions de réfugiés, plus de six millions d’autres Syriens sont déplacés dans leur propre pays. La plupart ont été obligés de fuir les combats entre les différents acteurs en conflit, et d’autres ont été déplacés à l’issue d’accords entre rebelles et régime. Plus de 30.000 personnes doivent ainsi être évacuées dans les prochains jours de quatre localités assiégées.
Un afflux de réfugiés syriens dans les pays voisins
La guerre en Syrie a déclenché la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale, avec plus de 320.000 morts en six ans et plus de six millions de déplacés internes. Aujourd’hui, 13,5 millions de personnes vivent dans le besoin en Syrie, et 4,7 millions résident dans des zones difficiles d’accès et dans des villes assiégées, selon les chiffres du HCR.
Malgré une baisse d’intensité des combats dans plusieurs régions, «la situation n’est pas encore assez sûre pour que les gens puissent retourner chez eux. Nous voyons encore chaque jour des gens être déracinés», a souligné Alun McDonald, le porte-parole régional de Save the Children. Il a regretté que la communauté internationale, incapable de régler le conflit, a failli à augmenter son aide au fur et à mesure que la crise humanitaire s’aggravait, fermant au contraire de plus en plus les frontières, notamment en Europe.
Près de trois millions de Syriens sont réfugiés en Turquie, le pays voisin le plus affecté, selon le HCR. Moins de 10% d’entre eux ont été accueillis dans des camps, tandis qu’une majorité vit dans les villes, dont plus de 500.000 à Istanbul. Par ailleurs, plus d’un million ont fui au Liban et 657.000 en Jordanie, mais les autorités d’Amman évaluent leur nombre à 1,3 million. Ils sont par ailleurs plus de 233.000 en Irak, plus de 120.000 en Egypte et près de 30.000 dans les pays d’Afrique du Nord, selon le HCR.
Les enfants, premières victimes de la guerre
Dans un communiqué conjoint avec des organisations syriennes, l’organisation Oxfam a appelé, ce jeudi, à apporter plus d’aide aux pays voisins de la Syrie. Sa directrice exécutive, Winnie Byanyima, a appelé «les pays riches à afficher leur soutien aux voisins de la Syrie qui ont accueilli ces réfugiés et à relocaliser au moins 10% des réfugiés syriens les plus vulnérables d’ici la fin 2017». «Il s’agit d’une crise qui dure et les financements ne suivent pas», a déploré la porte-parole d’Oxfam à Beyrouth, Joëlle Bassoul. «Avec moins de ressources, nous devons aider maintenant plus de personnes.»
Les ONG et l’ONU mettent également régulièrement en garde contre les conséquences à long terme de la crise, tout particulièrement sur les enfants. «Un million d’enfants réfugiés syriens ne sont pas scolarisés (…) et ils sont ceux qui devront contribuer à reconstruire la Syrie pour la prochaine génération», a indiqué Allun McDonald, de Save The Children.
Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pro-démocratie, la guerre en Syrie s’est progressivement complexifiée avec l’implication de groupes djihadistes, de forces régionales et de puissances internationales, sur un territoire très morcelé. Aucune solution n’est en vue pour le conflit malgré plusieurs rounds de négociations indirectes entre régime et opposition sous l’égide de l’ONU, dont l’un est en cours actuellement à Genève.
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