Réfugiés : le plan stratégique du HCR (2017-2021)

Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux Réfugiés, Filippo GRANDI, a présenté le 26 janvier 2017 les directions stratégiques du HCR 2017-2021 (« UNHCR’s Strategic Directions 2017-2021 »).

Il rappelle qu’à la fin de 2015, plus de 65 millions de personnes étaient déplacées à cause de conflits et de persécutions, 37 millions de plus par rapport à 2005. En 2015, 40 millions étaient des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, 21 millions des réfugiés, 3 millions des requérants d’asile.

Les principales causes de ces mouvements de réfugiés et de personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays sont les conflits armés, la violence, l’insécurité et les violations des Droits de l’Homme. Il exprime l’espoir que les pourparlers en cours ou à venir sur la Syrie, la Colombie, le Myanmar vont permis de réduire le nombre des réfugiés.

Il souligne, dans le document, les priorités

  • Protéger et chercher des solutions en étant proches des réfugiés sur le terrain (« Putting People First »)
  • Agir en partenariat avec les Etats (« , le système des Nations Unies et d’autres organisations, y compris la Banque mondiale, un des partenaires les plus prometteurs du HCR, et aussi la Banque Africaine de Développement et d’autres banques régionales de développement;
  • Appuyer les Etats à trouver des solutions
  • Agir dans tous les aspects des déplacements forcés (« Working across the entire spectrum of forced development »)

Et pour mettre en oeuvre ces approches

  • Protéger
  • Répondre
  • Inclure, en essayant d’éviter la formation de camps
  • Responsabiliser, renforcer les liens avec les réfugiés (« empower »)
  • Résoudre .

Adapter le HCR à ces besoins et aux changements en cours en étant plus agiles, moins bureaucratiques, rendant le siège de Genève plus efficace pour appuyer les opérations sur le terrain y compris par des systèmes d’information et de gestion des données.

Dans le débat, plusieurs délégations félicitent le HCR pour ce document, très clair et utile, qui rend l’action du HCR plus lisible et posent les questions suivantes :

  • Partenariats : remise de certaines activités par le HCR à d’autres organisations
  • Action humanitaire et développement : stratégies de sorties du HCR
  • Personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays (« IDPs ») et la relation avec l’OIM
  • Accent mis sur la localisation de l’action et l’implication des bénéficiaires (« empowerment »)
  • Résilience
  • Assistance par de l’argent comptant (« cash »)
  • Perspectives du Pacte mondial (« Global Compact ») sur les réfugiés
  • 2018 sera le 25e anniversaire des Principes directeurs sur les personnes déplacées (« Guidelines on IDPs »): le HCR envisage-t-il de les mettre à jour ?
  • Sources de financement autres que gouvernementales
  • L’analyse des risques
  • Les mesures de sécurité et l’accès aux réfugiés et personnes déplacées dans des situations de conflits armés

Le Haut-Commissaire répond que, l’an dernier, le HCR a reçu 58% des fonds qu’il demandait, ce qui était 4 milliards de dollars. Le « Grand Bargain » adopté par le Sommet humanitaire mondial n’a pas donné tous les résultats espérés… notamment de recevoir davantage de fonds qui ne soient pas spécifiquement affectés à des projets précis (« ear-marked contributions »).

Ce document n’est pas un Plan mais des Directions stratégiques. Il y a des plans pour les personnes déplacées et d’autres domaines.

Pour les stratégies de sorties (« exit strategies »), elles dépendent des solutions aux causes de ces mouvements de réfugiés, souvent des solutions politiques qui sont du ressort des Etats. Le HCR peut aussi, en coopération avec les réfugiés, négocier des solutions qui ne comportent pas des risques pour ces personnes.

Les partenariats sont importants et dynamiques. Le rythme d’action des institutions financières ( à  commencer par la Banque mondiale ) est plus lent que celui des organisations humanitaires. Comment accélérer ce processus de travail ?

  • Le HCR veut aussi approcher des organisations bilatérales de développement, comme l’Union Européenne.
  • Le HCR collabore étroitement avec le PNUD et l’UNICEF dans des programmes d’action « cash », comme au Liban, dans une plateforme commune d’action.
  • Les acteurs locaux sont très importants : ils sont les premiers à pouvoir répondre et doivent être inclus dans la perspective à long terme.
  • L’inclusion des réfugiés n’est pas seulement l’intégration locale mais aussi les développements des populations locales. Il faut trouver d’autres solutions que les camps.

Pour les personnes déplacées, le contexte institutionnel est certes plus complexe, mais il y a plus de travail que d’acteurs. Ce n’est pas tellement une question de duplications (« overlaps ») mais de manque de moyens et d’acteurs. Un réexamen des responsabilités entre humanitaires est en cours au sein de l’ »Inter-Agency Standing Committee » (IASC) qui comprend le système des Nations Unies et des représentants du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d’ONG.

Plus généralement, le partage des responsabilités est importante : le HCR ne veut pas jouer le rôle de surveillant des Etats (« watch-dog »)… Le « Comprehensive Response Framework »(CRRF) est le contexte de cette interaction de consultation, de mise en oeuvre et de supervision.

La résilience est importante dans la phase entre l’urgence et la réhabilitation.

Michel Veuthey,

Observateur Permanent Adjoint
Mission Permanente d’Observation de l’Ordre Souverain de Malte auprès de l’Office des Nations Unies à Genève


Pour aller plus loin 

Lire le  « Comprehensive Response Framework »

Lire le UNHCR’s Strategic Directions 2017-2021


 


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