OCHA | Plan de réponse Humanitaire : République Démocratique du Congo

Un article paru sur le site reliefweb le 18/08/2018 par Kim Bolduc

En janvier 2017, l’Équipe humanitaire pays en République démocratique du Congo (RDC) lançait pour la première fois un Plan de réponse humanitaire multisectoriel et pluriannuel couvrant la période 2017-2019. En plus d’essayer de matérialiser les engagements pris au niveau global lors du Sommet humanitaire mondial, cette approche a permis à la communauté humanitaire de se focaliser d’une manière plus stratégique sur une situation humanitaire qui déjà commençait à se dégrader.

Face à la dramatique détérioration observée en 2017, force est cependant de constater que le degré et l’ampleur des besoins humanitaires ont dépassé sur tous les plans les projections des prochaines années. L’expansion des conflits dans la région du Kasaï et à l’Est du pays a eu des conséquences exponentielles sur le nombre de personnes déplacées, l’insécurité alimentaire, la malnutrition et la propagation des épidémies. La RDC est aujourd’hui le pays africain le plus affecté par les mouvements de population avec plus de 4,35 millions de personnes déplacées.

L’analyse du contexte montre que les stratégies de réponse et les objectifs du plan sur 3 ans restent pertinents dans l’ensemble, mais que les chiffres et les scénarios nécessitaient des modifications. C’est cette évolution que nous avons essayé de refléter dans cette version révisée pour 2018.

Dans un pays grand comme 2/3 de l’Europe occidentale, les acteurs humanitaires ont dû s’adapter afin de porter assistance à un nombre croissant de personnes dans le besoin sur des zones de plus en plus étendues, et avec un des taux de financement le plus bas depuis les 10 dernières années. Les deux facteurs combinés de l’aggravation de la situation humanitaire d’une part et du manque de capacités des acteurs sur place pour y répondre d’autre part, ont amené le Coordonnateur des Secours d’urgence à déclarer le plus haut niveau d’urgence humanitaire, L3, pour les crises du Kasaï, du Tanganyika et du Sud-Kivu. Une réforme des structures de coordination humanitaire est en train d’être menée afin de rationaliser le système et améliorer la flexibilité de la réponse.

Les projections sont alarmantes : un tel niveau de vulnérabilités et de besoins n’a jamais été enregistré de toute l’histoire des appels humanitaires en RDC, mettant en péril la reprise d’un cycle de stabilisation et de développement. 18 des 26 provinces que compte la RDC sont impactées par les conséquences humanitaires. 13,1 millions de personnes, dont 7,7 millions d’enfants auront besoin de protection et d’assistance humanitaire en 2018, une augmentation de 50% par rapport à 2017. Parmi eux, 7,5 millions de personnes déplacées et retournées auront besoin des efforts conjugués de tous pour trouver un abri ou de l’eau potable, 9,9 millions de personnes pour se nourrir et 4,5 millions d’enfants de traitement médical pour survivre à la malnutrition.

Autant d’hommes, femmes et enfants dont la diminution des souffrances, et parfois la survie, dépendent de notre mobilisation.

Je saisis l’opportunité pour remercier les partenaires qui ont contribué aux progrès significatifs de la réponse humanitaire en RDC. Un effort supplémentaire est à présent nécessaire afin de nous permettre d’adapter la réponse aux besoins urgents, à l’échelle du pays. Nous estimons que 1,68 milliard de dollars seront nécessaires pour assister 10,5 millions de personnes en 2018. Je voudrais ici insister, face à l’extrême volatilité de la situation, sur l’importance d’assurer la flexibilité de ces financements. Il est primordial que le Fonds humanitaire en RDC soit financé à hauteur de 15% du total requis pour la réponse humanitaire et je souhaiterais encourager les bailleurs à prioriser les financements sur plusieurs années conformément à leurs engagements dans le cadre du « Grand Bargain ».

Face à l’étendue de ces besoins, les ressources limitées mettent chaque jour la communauté humanitaire que je représente devant des choix impossibles. Nous comptons sur votre soutien pour que nous n’ayons plus à choisir et que notre travail puisse répondre aux besoins des plus vulnérables, afin de permettre à des millions de personnes en RDC de retrouver leur dignité et leur humanité, conformément aux principes et standards humanitaires que nous nous sommes tous engagés à respecter.


Lire le document complet


 


Sur le même sujet

« Nous constatons une fermeture progressive de l’espace de travail humanitaire et la pandémie de Covid n’a pas aidé »

29/09/2020. Citoyenne suisse, née de mère française et de père palestinien, Caroline Abu Sa’Da est la fondatrice et directrice de l’antenne suisse de SOS Méditerranée depuis 2017,

Une unité de néonatologie inaugurée à l’hôpital Ordre de Malte de Djougou en mémoire de Mgr Paul Vieira

27/05/2019. Envisagé depuis deux ans, ce service a été ouvert il y a un peu plus d’un mois et est déjà pleinement occupé.