Migrants: l’Ordre de Malte veut dépassionner le sujet
Article paru sur le site Deutsche Welle le 28/09/2017
Le gouvernement allemand a déjà publié une dizaine de rapports dont le dernier porte sur les chiffres « alarmants » des migrants. Aujourd’hui, l’Ordre de Malte ou Malteser-Hilfsdienst présente ses propres analyses.
En pleine période de crise migratoire en Europe et alors que le parti anti-immigration Afd entre au parlement allemand, un rapport appelle à dépassionner le débat sur les migrations et à mieux intégrer les migrants sur le marché du travail. Le document, de plus de 100 pages est l’œuvre de l’Ordre de Malte, ou du moins sa branche allemande dénommée « Malteser » qui publie ainsi sa toute première analyse sur la politique migratoire.
« Les faits plutôt que l’émotion »
Ces mots résument le point de vue développé par l’Ordre de Malte. L’organisation intervient depuis des années dans des activités d’assistance aux réfugiés. Première observation dans le rapport : la faible intégration des étrangers sur le marché du travail en Allemagne. Selon l’agronome Prinz zu Löwenstein en charge de ce rapport, « les migrants non-européens ne sont pas bien intégrés sur le marché du travail ». Plusieurs raisons expliqueraient cet état de choses. Entre autres, il y a « le manque de connaissances linguistiques, de qualification, les problèmes de reconnaissance de diplômes. »
Partant du constat effectué sur la période 2015/2016, le rapport prévient contre le risque que les migrants atterrissent plus dans des activités secondaires que dans des postes de haute qualification.
L’Allemagne, pays d’immigration
Le document consacre par ailleurs un chapitre aux aspects économiques de la migration. D’après l’institut Walter Eucken de Freiburg, l’Allemagne est et fut un pays d’immigration. Pas besoin de chercher les preuves trop loin, indique l’institut qui base ses analyses sur les vagues migratoires depuis la seconde guerre mondiale.
Ceci amène à conclure qu’une bonne politique d’intégration des migrants sur le marché du travail augmente les chances d’une migration réussie, poursuit le rapport.
Enfin l’étude aborde avec prudence la part des étrangers dans la hausse de la criminalité. Lars Peter Feld, le directeur de l’institut Walter Eucken, estime qu’il est simpliste d’attribuer aux migrants cette hausse de la criminalité. « Nous observons que 11% des criminels non-Allemands provient du Nord de l’Afrique, même si ce groupe ne représente que 2% de l’effectif total des immigrants » fait observer l’expert qui poursuit que « les Syriens, les Irakiens et les Afghans sont moins cités que d’autres nationalités » dans les faits de criminalité. « Nous ne pouvons pas simplement prétendre que la migration a joué un rôle important dans la montée de la criminalité au cours des deux dernières années », affirme Lars Peter Feld
Faut-il fixer des quotas pour l’immigration? Pas nécessaire, juge le rapport qui renvoie cette question à la responsabilité des décideurs politiques. L’accent doit cependant être mis sur l’intégration, recommande le rapport.
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