Les pires cauchemars des décideurs pour les dix ans à venir
Article paru sur le site du journal le Figaro le 04/01/2019 par Amaury Bucco
Une étude menée par le Forum économique mondial s’est penchée sur les risques les plus présents dans la tête des leaders économiques pour les dix prochaines années.
Que redoutent les puissants de ce monde? Catastrophes naturelles, cybersécurité, conflits géopolitiques ou crises économiques… Tels sont les éléments de taille capables de renverser les trônes et l’ordre établi à en croire l’étude menée par le Forum économique mondial, plus connu sous le nom de Davos, en Suisse, où se réunissent chaque année dirigeants d’entreprise, journalistes, experts et responsables politiques du monde entier. Pour sa 13ème édition, en 2018, le «global risk report» s’est penché pour la première fois sur «la probabilité et l’impact de 30 risques globaux sur un horizon de dix ans», avec près de 1000 experts et décideurs sollicités pour l’occasion.
Selon ces derniers, les facteurs d’évolution du monde les plus importants pour les dix prochaines années sont avant tout liés aux changements climatiques et donc à la nature. Manque de nourriture et d’eau, conditions météorologiques extrêmes, crises migratoires, réduction de la biodiversité, désastres écologiques multiples, sont leurs principales préoccupations, de quoi donner bien du pain sur la planche au prochain Davos, notamment pour convaincre les grandes puissances de prendre des mesures concrètes à court et à long terme pour l’écologie. La seconde tendance de facteurs est liée aux technologies. Les risques de «cyber-dépendance» arrivent ainsi en deuxième place et découleraient selon les interrogés de probables cyber-attaques, notamment sur les bases de données et sur la falsification ou le détournement de l’information. Le scandale de l’utilisation des données de Facebook par Cambridge Analytica ou encore le spectre russe des campagnes de désinformation, à des fins électorales, vont d’ailleurs en ce sens.
Carte des facteurs de risques pour les 10 ans à venir
Crédits photo : Forum économique mondial
Les risques socio-économiques en bonne place
À noter par la suite, dans l’ordre de préoccupation de ces mêmes leaders: la «polarisation croissante des sociétés», notamment causée par le creusement des inégalités (chômage, échecs de politiques sociales, émigrations, communautarisme…), tout comme «l’augmentation des disparités de revenus et de santé» qui comportent des facteurs similaires, majoritairement économiques et sociétaux, contrairement aux deux premiers. Deux risques spectaculairement effectifs en France depuis la naissance du mouvement des «gilets jaunes», dont l’impact «sévère» sur l’économie française, selon le terme de Bruno Le Maire, a précipité 43.000 salariés au chômage partiel et créé un manque à gagner de plusieurs dizaines de millions d’euros dans tous les secteurs, petites et grandes entreprises comprises. Quoi qu’il en soit, à moyen terme, c’est donc la nature qui demeure dans l’esprit des décideurs le facteur le plus déterminant, devant la technologie ou encore le contexte économique et social.
À plus court terme, la même étude avait invité le réseau des leaders économiques à classer les risques à venir pour l’année 2018, en fonction de leur impact et de leur probabilité. Une liste toujours d’actualité si l’on en croit les menaces qui pèsent sur le monde. Le risque le plus puissant étant, selon ce classement, les armes de destruction massive, dont la Corée du Nord s’était servie tout au long de l’année 2017 pour se faire craindre et respecter, au grand dam du président américain Donald Trump, si prompte à s’épancher sur Twitter. Si l’année 2018 a plus ou moins réconcilié les deux pays, la menace nucléaire reste toujours présente, via la Corée du Nord bien sûr, mais aussi via l’Iran, avec le retrait des États-Unis de l’accord sur le nucléaire. Dans ce même classement arrivaient en deuxième position les phénomènes météorologiques, puis dans l’ordre décroissant, les catastrophes naturelles, à l’instar du tsunami survenu le 22 décembre en Indonésie, l’échec de l’adaptation au changement climatique, la crise de l’eau, les cyberattaques ou encore les famines, comme celle que connaît le Yémen depuis 2017.
Carte des risques pour 2018 par impact et probabilité
Crédits photo : Forum économique mondial
Les événements météorologiques extrêmes redoutés pour l’année passée
Mais les risques les plus puissants ne sont pas toujours les plus probables. Le classement des risques pour 2018 établi par probabilité rebattait les cartes des menaces. Ainsi ce n’étaient plus les armes de destruction massive qui arrivaient en première place mais les événements météorologiques extrêmes, devant les catastrophes naturelles, les cyberattaques ou encore les fraudes et vols de données. Dans une probabilité plus que moyenne (soit supérieur 3,5/4,5) venaient ensuite les migrations forcées à grande échelle, les attaques terroristes ou les bulles spéculatives. Tout aussi intéressant est la comparaison entre les différentes études menées les années précédentes. Elle démontre clairement que depuis dix ans les risques mondiaux envisagés ont changé de visage. Principalement économiques et sociétaux, tant en termes de probabilité que d’impact, les risques sont depuis 2015 avant tout environnementaux, géopolitiques, voire technologiques…
Sur le même sujet
Le Liban au cœur de la mission de la Fondation Pierre Fabre et de l’ordre de Malte
23/07/2020. L’Ordre de Malte au Liban et la Fondation Pierre Fabre au service des plus démunis.
Mgr Gallagher s’alarme des atteintes à la liberté religieuse
30/03/2017. Son intervention s’est insérée d’un colloque sur la liberté religieuse, organisé par l’Athénée et l’Université Panaméricaine.
Quel rôle peuvent jouer les entreprises face aux catastrophes ?
24/02/2015. Dans un tel monde interconnecté, l’auteur – Neil Buhne, Directeur du Bureau de liaison du PNUD à Genève – suggère une approche globale sociétale et mondiale à travers des partenariats novateurs issus des entreprises.