Le chef de l’ONU estime qu’il ne faut pas tenir pour acquises la paix et la prospérité en Europe
Article publié sur le site de l’ONU le 21/02/2017
A l’occasion d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée aux conflits en Europe, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a estimé mardi qu’il ne fallait pas tenir pour acquises la paix et la prospérité dans cette région du monde qui a été à l’avant-garde de la prévention des conflits au cours des 70 dernières années.
« Les dirigeants européens ont établi un dispositif collectif de paix et de sécurité sophistiqué et se sont employés à promouvoir l’ensemble des droits de l’homme, aussi bien civils et politiques que sociaux, économiques et culturels. Beaucoup de sociétés européennes sont multiculturelles, multiconfessionnelles et multiethniques », a noté M. Guterres devant les membres du Conseil.
« Cela étant, nous ne devrions pas tenir la paix et la prospérité en Europe pour acquises. La transition vers un monde multipolaire multiplie les incertitudes et les risques. Nous avons besoin d’institutions multilatérales et d’organisations régionales solides pour maintenir la paix et la stabilité alors que nous affrontons cette nouvelle réalité dangereuse », a-t-il ajouté. « À l’heure où de graves conflits perdurent en Europe, de nouveaux problèmes et menaces se font jour. Le populisme, le nationalisme, la xénophobie et l’extrémisme violent sont à la fois des causes et des répercussions des conflits ».
Le Secrétaire général a noté que le Conseil de sécurité est saisi de nombreuses situations de conflit en Europe et que l’ONU travaille de manière complémentaire avec des organisations et des mécanismes régionaux pour faire face à ces défis.
C’est le cas des négociations en vue de parvenir à un règlement global et durable de la question chypriote, a-t-il souligné. L’ONU coopère également avec l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et l’Union européenne pour coprésider les discussions internationales de Genève relatives à la Géorgie.
Dans les Balkans, l’ONU travaille en étroite collaboration avec ses partenaires régionaux pour soutenir une paix durable au Kosovo. Grâce aux efforts de son envoyé spécial, elle facilite aussi les discussions pour traiter la question du nom de l’ex-République yougoslave de Macédoine.
Le terme « conflit gelé », souvent utilisé pour les conflits en Europe, est trompeur, a estimé le Secrétaire général. Jusqu’à ce que les accords de paix soient signés et mis en œuvre, le risque de nouvelles violences demeure, « comme nous l’avons vu en avril dernier dans le Haut-Karabakh, dans le Caucase du Sud ».
Dans les Balkans occidentaux, les conflits dévastateurs des années 1990 ont laissé un héritage dommageable, alors que les efforts de réconciliation et de consolidation de la paix sont inachevés. « Il est essentiel de se prémunir contre l’érosion des progrès au cours des vingt dernières années, en Bosnie-Herzégovine et ailleurs. Je demande instamment que l’on poursuive les efforts visant à promouvoir la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina », a dit M. Guterres.
Selon lui, les crises en Géorgie en 2008 et en Ukraine en 2014 montrent que l’Europe reste menacée par de nouveaux conflits. « Le conflit tragique en cours en Ukraine illustre le fait que la violence localisée risque de se transformer en affrontements plus graves », a-t-il dit. « Nous avons besoin d’un cessez-le-feu immédiat et complet ».
Selon lui, aucun facteur ne peut être imputé à l’émergence et à la poursuite des conflits en Europe. Dans de nombreux cas, a estimé M. Guterres, les accords de paix ne sont tout simplement « pas mis en œuvre ». D’autres facteurs incluent les défis à la gouvernance démocratique et l’état de droit, ainsi que la manipulation de tensions ethniques, économiques, religieuses et communales pour des gains personnels ou politiques, alimentées en partie par l’aggravation des rivalités géopolitiques.
Le Secrétaire général a encouragé les États Membres, le Conseil de sécurité, les mécanismes régionaux et toutes les parties prenantes à intensifier leurs efforts pour définir un programme de paix et de sécurité en vue de relever les défis complexes actuels.
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