Migrants : la Méditerranée plus meurtrière que jamais
Article publié sur le site du journal Le Figaro le 03/09/2018 par Gwendal Lavina
Le Haut-commissariat aux réfugiés a publié lundi 3 septembre un rapport intitulé « Voyage du désespoir » qui détaille les phénomènes de migrations en mer Méditerranée. Plus de 1600 personnes ont péri ou disparu depuis le début de l’année en tentant de gagner le continent européen.
C’est une traversée que moins de personnes ont tentée. Sur les sept premiers mois de l’année 2018, ils sont 72.100 à s’être risqués à rallier l’Europe par la mer Méditerranée contre 121.100 sur la même période en 2017 soit une baisse de 41%. Toutefois, et c’est la principale information de ce rapport du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR) publié ce 3 septembre, ils sont proportionnellement plus nombreux à être décédés ou portés disparus. L’agence affirme ainsi que «pour chaque groupe de 18 personnes ayant entrepris la traversée entre janvier et juillet 2018, une personne est décédée ou portée disparue, contre une sur 42 au cours de la même période en 2017».
Plus de 1600 personnes sont mortes en tentant la traversée. La directrice du bureau du HCR pour l’Europe déclare d’ailleurs dans un communiqué que le rapport «confirme une nouvelle fois que la Méditerranée est l’un des passages maritimes les plus meurtriers au monde».
Le rapport du HCR offre également un comparatif des trois pays européens qui accueillent la quasi totalité des migrants arrivant par la Méditerranée: l’Italie, l’Espagne et la Grèce. Alors que ces derniers ne cessent de se renvoyer la responsabilité dans la gestion de l’accueil des bateaux d’associations humanitaires, le rapport montre qu’en un an la situation a bien changé.
• Italie
En 2017, l’Italie, avec 119.400 individus arrivés dont 95.200 entre janvier et juillet, était le pays qui accueillait le plus de migrants tentant la traversée de la Méditerranée. Sur les sept premiers mois de l’année 2018, l’Italie a accueilli 18.500 personnes soit une diminution de 81% par rapport à la même période en 2017.
Les personnes tentant de rallier le continent européen via la route italienne sont très majoritairement des hommes (71%), suivi des enfants (19%) et des femmes (10%).
Selon le rapport du HCR, les arrivants sont majoritairement originaires de Tunisie (3300), d’Érythrée (2900) puis du Soudan et du Nigeria avec respectivement 1600 et 1250 nationaux.
Pour ce qui est de la mortalité sur «la route italienne», elle a connu une forte baisse sur les sept premiers mois avec 1095 morts ou disparus cette année contre 2276 l’an dernier.
• Espagne
L’Espagne est le pays qui connaît la plus forte progression du nombre d’arrivées sur son territoire de janvier à juillet 2018 avec 130% d’augmentation. En effet, ils sont 27.600 (dont 3800 par la terre) à être arrivés dans le pays en ce début d’année contre 12.100 pour la même période en 2017.
Encore une fois, sur cette route, les hommes sont les principaux individus à tenter de gagner l’Europe puisqu’ils représentent 75% des personnes contre 15% les enfants et 10% pour les femmes.
Assez logiquement, les pays d’origine des individus tentant la traversée vers l’Espagne sont des pays du d’Afrique de l’Ouest. Ils sont 3100 Guinéens, 2600 Marocains, 2200 Maliens et 1200 Ivoiriens à emprunter la «route espagnole» selon les données du HCR.
Pour ce qui est du nombre de décès ou de disparus, il a plus que doublé avec 318 morts de janvier à juillet 2018 contre 113 sur la même période l’an dernier.
• Grèce
La Grèce connaît également une augmentation forte du nombre d’arrivées sur son sol avec 88% d’arrivées en plus sur les sept premiers mois de l’année. Ils sont 26.000 (dont 9800 par la terre) à avoir gagné le pays de janvier à juillet 2018 contre 13.800 sur la même période l’année passée.
Sur cette route, la proportion d’hommes est moins importante puisqu’ils représentent 40% des personnes tentant l’entrée pour 36% d’enfants et 24% de femmes.
Le principal pays d’origine des personnes arrivées en Grèce est la Syrie avec 5750 ressortissants suivi de l’Irak avec 3450 nationaux et de l’Afghanistan et la République Démocratique du Congo avec respectivement 2450 et 800 personnes.
La Grèce connaît aussi une augmentation du nombre de morts ou de disparus sur sa route, moins importante que pour l’Italie, passant de 38 morts de janvier à juillet 2017 à 99 sur la même période en 2018.
Enfin, la dernière information donnée par ce rapport est le pourcentage des populations arrivées qui se voit délivrer un droit d’asile ou toute autre forme de protection sur l’année 2017 dans le pays où elles font la demande. Les ressortissants syriens se voient accorder une protection dans plus de 90% des demandes formulées, une proportion semblable aux personnes qui ont fui l’Érythrée. Pour les individus arrivant d’autres pays, il est plus compliqué d’obtenir une protection lorsque les raisons du départ semblent motivées par d’autres facteurs qu’un conflit: ainsi seuls 12% des marocains ayant fait une demande d’asile en Grèce ont reçu une réponse positive. Le chiffre est également très bas pour les ressortissants ivoiriens, nigérians ou maliens avec une protection accordée dans, respectivement, 26%, 22% et 30% des cas.
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