La veille de Xavier Guilhou : la reconstruction de la Syrie

14/09/2017 par Xavier Guilhou

Pendant que les américains et l’Otan continuent à mettre sous stress le glacis oriental de l’Europe avec des manœuvres « Rapid Trident » sur la frontière Ukraine-Pologne, juste pendant les élections allemandes et avant les manœuvres russes « Zapad 2017 » sur la Baltique, Vladimir Poutine multiplie les réunions à Astana au Kazakhstan sur la fin de la guerre en Syrie, mais aussi les accords avec les turcs et les iraniens, voir en secret avec les chinois, sur la reconstruction de la Syrie afin de verrouiller le nœud eurasien.

À titre de commentaire, et notamment pour tous ceux qui ont suivi de près l’émergence des concepts civilo-militaires sur l’ex-Yougoslavie, je ferai juste remarquer que la France n’est nulle part dans cette phase de sortie de crise.

Nous avons péroré sur le sort de Bachar el-Assad et fait la morale à tout le monde ces dernières années mais de fait nous ne sommes conviés à aucune table de négociation alors que nous sommes l’une des nations européennes qui connait le mieux le Levant et ces régions du Proche et Moyen-Orient.

Situation à méditer en termes de REX sur les plans diplomatiques, militaires et humanitaires.

Cela fait partie du déclassement de la France (que j’ai évoquée dans plusieurs émissions de radio et de télévision) du fait de sa perte de compétitivité et d’influence sur les questions diplomatiques et militaires, même si dans le discours nous affirmons être la première armée d’Europe. En 2025, c’est-à-dire demain, nous devrions glisser de la 5ème à  la 13ème place en termes de PIB au niveau mondial.

Seront nous toujours en 2025 au conseil de sécurité ? La sémantique utilisée par notre nouveau gouvernement avec un « ministère des armées » et un « ministère de l’Europe et des affaires étrangères » laisse entrevoir un glissement rapide de notre souveraineté en matière de défense sous la tutelle de Bruxelles, et qui sait de notre poste au conseil de sécurité avec un partage de ce rôle avec l’Allemagne (contre l’assurance d’un support financier compte tenu de l’état de notre dette souveraine). L’impensable n’est pas inconcevable.

Le seul à l’affirmer de façon explicite est Hubert Védrine et depuis plusieurs années :


Pour aller plus loin 


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