Syrie : les violences contre les enfants atteignent des records en 2016
Article publié sur le site du Figaro le 13/03/2017 Auteur : Guillaume Descours
Plus de 650 enfants ont été tués l’année dernière dans le pays selon un rapport de l’Unicef. Soit une augmentation de 20% par rapport à 2015.
Les violences à l’encontre des enfants en Syrie ont atteint «leur pire» niveau au cours de l’année 2016. Dans le pays, où la guerre sévit depuis six ans, plus de 650 enfants ont été tués au cours de la dernière écoulée, explique dans un rapport publié ce lundi par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef). Cela représente une augmentation de 20 % par rapport à l’année 2015. Parmi ces enfants tués, 255 l’ont été dans ou à proximité d’une école, ce qui prouve qu’ils sont délibérément visés.
«Les cas vérifiés de meurtres, de mutilations et de recrutements d’enfants ont augmenté significativement» au cours de cette même année, écrit l’Unicef dans un communiqué. «Le degré de souffrance est sans précédent. Des millions d’enfants en Syrie sont attaqués chaque jour, leur vie est complètement bouleversée», dit Geert Cappelaere, le directeur de l’Unicef pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. «Chaque enfant est marqué à vie, avec des conséquences terribles sur sa santé, son bien-être et son avenir», dit-il.
850 enfants soldats en 2016
Si la majorité des enfants sont tués par les explosions de bombes, l’Unicef pointe aussi un accès réduit aux soins. Selon l’organisme, beaucoup meurent de maladies «qui pourraient facilement être évitées».
Enfin, selon l’étude, 850 enfants ont été recrutés pour combattre dans le conflit, «y compris, dans des cas extrêmes, ceux de bourreaux, kamikazes ou gardiens de prisons». Un chiffre, là encore, en nette augmentation par rapport à l’année 2015, puisqu’il a doublé.
Le conflit en Syrie a débuté le 15 mars 2011 avec la répression par le régime de Bachar al-Assad de manifestations pacifiques demandant des réformes. Depuis, il s’est complexifié et implique désormais une multitude d’acteurs locaux et internationaux ainsi que des groupes djihadistes sur un territoire morcelé. La guerre a fait plus de 310.000 morts et contraint plus de la moitié de la population à fuir son foyer.
Après six ans de conflit, «près de 6 millions d’enfants dépendent maintenant de l’assistance humanitaire» et «plus de 2,3 millions sont actuellement réfugiés en Turquie, au Liban, en Jordanie, en Égypte et en Irak», écrit l’Unicef. Selon l’instance onusienne, 280.000 enfants vivent dans les secteurs assiégés, sans accès à de la nourriture ou des médicaments.
La semaine dernière, c’est l’ONG Save the Children qui a dressé un bilan alarmant sur l’état de santé mentale des plus jeunes. La moitié des 450 enfants interrogés par l’organisation, dans sept provinces du pays, ont déclaré ne pas se sentir en sécurité à l’école. L’étude que la plupart sont atteints d’un fort niveau de stress psychologique qui provoque, entre autres, des difficultés d’élocution ou encore des problèmes d’incontinence.
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