Syrie: L’Onu appelle au secours pour débloquer l’aide humanitaire

Article paru sur le site Challenge le 01/02/2018

L’aide de l’Onu n’arrive plus en Syrie depuis deux mois parce que le gouvernement du président Bachar al Assad n’autorise plus les convois humanitaires, a déclaré jeudi Jan Egeland, Conseiller spécial de l’Onu pour les questions de prévention et de règlement des conflits.

Les insurgés en lutte contre les forces gouvernementales syriennes créent eux aussi des obstacles, a-t-il ajouté.

Pour atteindre les zones assiégées ou traverser les lignes de front, les convois humanitaires doivent obtenir des lettres du gouvernement et des garanties de sécurité de la part des groupes armés.

« On n’a jamais eu si peu de lettres de facilitation », a déclaré Jan Egeland au sortir d’une réunion avec des diplomates à Genève. Les conditions n’avaient pas été aussi difficiles depuis 2015, a-t-il ajouté.

Faisant un point sur différents secteurs, il a appelé la Russie, la Turquie et l’Iran à faire en sorte que les combats baissent en intensité dans le gouvernorat d’Idlib.

« Alors que nous avons absolument besoin de leur capacité d’influence, en cette heure noire pour le travail humanitaire, la diplomatie humanitaire semble totalement impuissante. On tourne en rond en ce moment. »

La France a également fait savoir qu’elle souhaitait une baisse d’intensité dans les combats.

« Il est urgent que la Russie et l’Iran, garants du processus (de paix) d’Astana et alliés du régime de Damas, prennent leurs dispositions pour que cessent les bombardements et que l’aide humanitaire parvienne de manière sûre, complète et sans entrave aux personnes qui en ont besoin », a déclaré jeudi la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll.

Il faut une trève

La conférence de paix sur la Syrie organisée par la Russie mardi à Sotchi sur la mer Noire a été marquée par la discorde et la confusion avec une seule annonce concrète : la mise en place d’un comité qui se penchera sur l’élaboration d’une nouvelle Constitution syrienne, dont l’opposition a déjà estimé qu’elle ne servirait que les intérêts du président Bachar al Assad.

Deux marchés très fréquentés d’Idlib ont été victimes de frappes aériennes dimanche et lundi, qui ont fait une trentaine de morts.

Plus au nord, l’offensive turque contre les Kurdes sur Afrin a fait 15.000 déplacés, a déclaré Jan Egeland. Il a également fait état d’informations selon lesquelles les autorités locales empêcheraient les gens de fuir de la région d’Afrin.

Dans la banlieue de Damas, l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, où près de 400.000 personnes sont assiégées par les forces gouvernementales syriennes leurs alliés, 750 personnes doivent être évacuées de toute urgence pour des raisons médicales. Il faut une trêve dans les combats, a dit Jan Egeland.

« Nous avons des informations qui nous disent que les deux parties la veulent, mais elle n’a pas eu lieu », déclaré Egeland. Or, ce sont les deux parties qui doivent nous aider là-bas. Il y a des raids aériens, des combats du côté du gouvernement, mais il y a (aussi), en provenance de ce secteur, un déluge de mortiers et de grenades qui s’abattent que les quartiers de Damas. »

A Rakka, 112 personnes ont été tuées par des explosions depuis sa reprise à l’Etat islamique au mois d’octobre parce que les habitants ont été autorisés à rentrer chez eux alors que la ville n’avaient pas encore été nettoyée de toutes les bombes qui y étaient dissimulées, a ajouté Jan Egeland.


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