Syrie : l’ONU appelle à ne pas entraver l’accès des convois humanitaires

Article paru sur le site de l’ONU le 26/01/2017

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Stephen O’Brien, a appelé jeudi les membres du Conseil de sécurité qui ont de l’influence à l’exercer auprès des autorités syriennes pour permettre l’accès des convois humanitaires en Syrie.

« La principale difficulté tient au fait que le processus en deux temps initialement agréé par les autorités syriennes est devenu désormais un processus en dix étapes », a expliqué le Secrétaire général adjoint.

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), un convoi inter-agences a à peine réussi à livrer de l’aide à 6.000 personnes sur un total de 930.250 personnes dans le besoin en décembre dernier. M. O’Brien a attiré l’attention sur la situation à Deir ez-Zor où environ 93.500 personnes sont assiégées dans la partie occidentale de Deir-ez-Zor, dans le Damas rural où des combats ont déjà déplacé environ 17.500 personnes et à Raqqa où plus de 400.000 personnes ont besoin d’une aide humanitaire.

« Soyons clairs : nous avons du personnel humanitaire sur le terrain dont le seul objectif est de garantir l’accès à l’aide humanitaire », a déclaré le Coordonnateur des secours d’urgence, reconnaissant par ailleurs que depuis le 30 décembre, le cessez-le-feu a amélioré la sécurité dans de nombreux secteurs.

« En dépit de ces deux facteurs positifs, nous continuons d’être bloqués, en raison du manque de feux verts aux niveaux local et central, des désaccords sur les itinéraires, et des violations de procédures pourtant agréées par les parties au conflit », a regretté M. O’Brien.

Le chef de l’humanitaire de l’ONU a invité les membres du Conseil de sécurité à faire tout ce qui est en leur pouvoir, « collectivement et individuellement », pour veiller à ce que le cessez-le-feu actuel soit respecté, et qu’il en résulte un accès accru « après des mois de stagnation ». « Nous avons besoin d’une mise en œuvre complète du plan d’accès mensuel pour toucher tous ceux qui en ont besoin », a insisté M. O’Brien.

« La sécurité alimentaire continuent de se détériorer »

Devant le Conseil de sécurité, le Directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), Amir Mahmoud Abdulla, s’est fait l’écho de l’appel de M. O’Brien en plaidant pour un accès humanitaire « raisonnablement sûr », régulier et soumis à une procédure d’autorisation sensée.

« Six ans après le début de la crise en Syrie, la situation humanitaire et la sécurité alimentaire continuent de se détériorer », a affirmé le Directeur exécutif adjoint. Selon le PAM, sept millions de personnes en Syrie vivent déjà dans une situation d’insécurité alimentaire et deux millions de personnes supplémentaires en courent le risque.

M. Abdulla a noté que la production alimentaire avait atteint son point le plus bas en raison de l’insécurité et que les récoltes de blé représentaient moins de 50% de leur niveau avant le conflit. Le prix des denrées alimentaires a augmenté de 43% dans les zones assiégées ou difficiles d’accès, où le PAM et les autres organisations humanitaires peuvent difficilement avoir accès, a-t-il précisé.

« Au troisième semestre de 2016, le PAM a livré des denrées alimentaires dans les zones assiégées et difficiles d’accès grâce à 23 convois inter-institutions contre seulement 12 convois inter-institutions au dernier semestre », a-t-il ajouté. Il a souligné que le PAM envisageait tous les moyens pour acheminer l’aide, par un pont aérien, par des hélicoptères ou par drones. « Tout dépend de l’accès et des garanties de sécurité », a-t-il dit.

En juillet 2016, le PAM avait commencé à assurer un pont aérien dans le gouvernorat d’Hassaké, a indiqué M. Abdulla, en précisant que les avions décollaient de l’aéroport de Damas pour atterrir à l’aéroport de Qamishly.

« Ces opérations sont coûteuses et ont des capacités limitées mais elles représentent le seul moyen de fournir une assistance alimentaire d’urgence pour les personnes les plus vulnérables », a-t-il fait remarquer tout en prévenant qu’elles pourraient être suspendues en raison de l’insuffisance de ressources financières.


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