Syrie : l’ONU appelle à consolider le cessez-le-feu et à laisser circuler librement les convois humanitaires

Article paru sur le site des Nations Unies le 27/04/2017

Face à l’intensification des combats en Syrie, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, Stephen O’Brien, a rappelé jeudi devant le Conseil de sécurité la nécessité d’une solution politique.

Le 15 avril dernier, le peuple syrien déjà accablé de souffrances, a enduré une autre attaque « horrible », a rappelé M. O’Brien devant les membres du Conseil. Cent-vingt-cinq personnes, dont 67 enfants, ont trouvé la mort dans un attentat à la voiture piégée au point de passage de Rachidine, près des localités de Foah et Kefraya.

« Pourtant, si je mentionne cet incident, ce n’est pas seulement en raison de sa nature épouvantable, mais aussi en raison de la réponse de la communauté humanitaire, dont l’unité aurait dû également ‘faire les grands titres’ », a déploré le Secrétaire général adjoint, qui a également condamné l’attaque à l’arme chimique perpétrée à Khan Cheïkhoun le 4 avril.

Et il y a à peine deux jours, des frappes aériennes présumées ont mis hors d’état de dispenser des soins deux hôpitaux, portant à six le nombre d’établissements de santé et à trois celui des écoles à avoir été endommagés ou détruits rien qu’au cours du mois écoulé.

Une intensification des combats sur plusieurs fronts

Le Secrétaire général adjoint s’est dit gravement préoccupé par la situation dans la ville assiégée de la Ghouta, aux abords de Damas, où des civils restent piégés par des tirs d’artillerie répétés, des frappes aériennes et des combats au sol. Les dernières voies routières praticables auraient été fermées, limitant encore davantage les mouvements d’environ 400.000 habitants, auxquels l’ONU n’a pas été en mesure de prêter assistance depuis octobre 2016, a-t-il expliqué.

Par ailleurs, un regain d’hostilités dans le nord de Hama y a provoqué le déplacement de près de 20.000 personnes au cours des derniers jours, a relevé M. O’Brien. À Idlib, les frappes aériennes et les tirs d’artilleries se multiplient, prenant pour cible civils et infrastructures, tandis qu’à Khan Cheïkhoun, théâtre de l’attaque précitée, le marché a été détruit par un bombardement aérien, faisant sept morts, dont un enfant, et une trentaine de blessés.

À Raqqa, a ajouté le M. O’Brien, les affrontements en cours ont également occasionné davantage de victimes civiles, de blessés et de déplacements de populations. Près de 39.000 personnes de plus viennent de grossir les rangs du camp situé à l’extérieur de la ville, où les conditions de vie sont devenues « extrêmement difficiles », avec quatre enfants sur cinq privés d’un abri adéquat, a précisé M. O’Brien.

Une assistance humanitaire constamment entravée

M. O’Brien a également appelé à lever les obstacles bureaucratiques à l’acheminement des convois humanitaires et la fin de la saisie des articles médicaux.

Il a notamment fustigé la « hausse » des restrictions administratives et des obstacles bureaucratiques de la part de toutes les parties au conflit, s’élevant en particulier contre les tentatives de canaliser l’assistance vers des destinations précises, ce qui est contraire aux principes régissant l’aide humanitaire. Ces tentatives se sont par exemple traduites par une suspension des opérations des Nations Unies dans le gouvernorat de Hasakeh, pénalisant 100.000 personnes au total.

Le Coordonnateur des secours d’urgence a particulièrement critiqué les mesures dilatoires prises par le gouvernement syrien pour entraver l’acheminement des convois, à peine quatre ayant pu parvenir à destination jusqu’à présent dans le cadre du plan prévu pour avril et mai. Et aucun de ces convois n’a pu entrer dans les zones assiégées, en raison de l’absence des autorisations nécessaires, a déploré le Secrétaire général adjoint.

Toutefois, le nombre des personnes vivant dans ces zones a diminué, même si cette baisse est le résultat d’une tactique, principalement employée par les autorités syriennes, consistant à « affamer pour forcer à se rendre », a-t-il observé. C’est pourquoi ce type d’évacuation peut difficilement être interprété comme un « développement positif », a résumé M. O’Brien.

Pour le Secrétaire général, le cessez-le-feu à travers tout le pays doit être consolidé et respecté par toutes les parties au conflit afin que les civils et les infrastructures civiles soit protégés.


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