L’Europe face aux migrants : « le système disjoncte », selon Hubert Védrine

L’ancien ministre des Affaires étrangères a estimé sur Europe 1 que l’UE se retrouvait confrontée à un problème, avec la crise des migrants, qu’elle aurait pu anticiper de longue date.

Moins d’un mois après l’accord passé entre l’UE et Ankara, prévoyant notamment de renvoyer en Turquie les migrants déboutés du droit d’asile, l’Allemagne est arrivée vendredi à un accord gouvernemental pour une future loi d’intégration des réfugiés.

Une initiative saluée par Hubert Védrine : « Je suis très favorablement impressionné par l’accord auquel sont parvenus la SPD et la CDU en Allemagne », a déclaré l’ancien ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac et qui publie Le monde au défi.

« Le système disjoncte »

Invité mercredi du Club de la Presse sur Europe 1, le diplomate a estimé que l’Europe se retrouvait actuellement confrontée à un problème, avec la crise des migrants, qu’elle aurait dû anticiper il y a plusieurs années. « On est obligé de faire dans la panique et l’improvisation, et avec des difficultés épouvantables, ce qui auraient dû être fait il y a quinze ou vingt ans, si on avait pas élargi systématiquement Schengen de façon idéaliste, et sans se préoccuper d’un contrôle sérieux aux frontières extérieures. » Pour lui, « le système disjoncte », car « il n’a pas été pensé pour ça ».

Un juste milieu

En outre, Hubert Védrine rappelle qu’en ce qui concerne l’accueil des migrants, la question humanitaire est parasitée par les enjeux économiques. « On ne va pas tout fermer, c’est impossible techniquement, absurde économiquement et infiniment cruel sur le plan humain. On ne va pas tout ouvrir non plus, car si l’Europe est un moulin où tout le monde peut venir je vous assure qu’il y aura bien pire que le populisme […] ce sont les milices. Vous verrez les gens s’organiser dans certains pays pour empêcher les entrées », a-t-il averti. Pour celui qui fut également secrétaire de la Présidence sous François Mitterrand, « la réponse ne peut pas être univoque, on ne va pas dire ‘on va fermer’ ou ‘on va ouvrir’ ».

Mettre en place des quotas

Concernant l’immigration économique, destinée à durer, Hubert Védrine se montre favorable à la mise en place de quotas. « La question syrienne finira d’une façon ou d’une autre par s’apaiser. Ce qu’il faudra gérer ce sont les migrants économiques, qu’à mon avis il faudra gérer avec les pays de départ et de transit, sur la base de quotas économiques par métier », propose-t-il.

Interview proposé par le site de Europe 1


Sur le même sujet

La jeunesse sacrifiée des Syriens réfugiés au Liban

16/12/2018. Peu parmi ces quelque 220.000 jeunes iront au collège, les filles étant de surcroît souvent très tôt mariées.

Boulogne-Billancourt : menu de fête pour une maraude pas comme les autres

09/04/2019. Les surplus du brunch « Y’a de la joie », organisé dimanche dans le quartier Silly-Galliéni avec 450 participants, ont été distribués lundi soir avec l’ordre de Malte à des SDF de la commune et de Sèvres.

Bienvenue au Refugistan

24/06/2016. Pourquoi et de quelle manière les camps de réfugiés, conçus à l’origine pour être provisoires, perdurent-ils pour certains depuis des décennies ? Le décryptage de la chaîne ARTE.