Le patrimoine syrien au cœur d’une dispute à Genève
Article publié dans le journal Le Temps le 25/04/2019 par Sophie Woeldgen
La conférence sur la protection du patrimoine culturel en temps de conflit armé organisée par l’Unesco a remis sur la table des enjeux politiques sensibles
C’est un anniversaire. Celui des 20 ans de la signature du second protocole pour la protection des biens culturels dans les conflits. Rallié à la Convention de La Haye de 1954, cet accord avait notamment abouti à une liste de sites que les combattants doivent s’engager à préserver. Il définit aussi les conditions dans lesquelles un individu peut être jugé pénalement responsable d’une destruction de bien culturel. Ces violences ont ainsi été reconnues comme des crimes de guerre et des responsables ont été condamnés. «Nous devons veiller à ce que ces actes ne restent pas impunis», a déclaré la secrétaire d’Etat suisse aux Affaires étrangères, Pascale Baeriswyl, à l’heure d’inaugurer cette conférence de deux jours mise sur pied par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) et soutenue par la Confédération.
Au sein de l’assemblée, le ton est plutôt à la bienséance. Pas de remous, les actions entreprises sont félicitées, l’importance du patrimoine culturel dans sa dimension sociale et économique (via le tourisme) est répétée. Ces dernières années ont pourtant vu des conflits destructeurs se propager: Mali, Irak, Syrie, Afghanistan. Ils ont été «les plus importants depuis la Seconde Guerre mondiale» et sont «intolérables», a affirmé Pascale Baeriswyl.
Pays sous sanction
La politique n’est jamais loin. Lors de son tour de parole, Lamia Chakkour, ambassadrice syrienne auprès de l’Unesco, n’en démord pas: «J’appelle la communauté internationale à sauver le patrimoine culturel syrien détruit par les terroristes.» Pourtant, la Syrie est sous embargo de l’Union européenne, de la Suisse et des Etats-Unis depuis 2011 pour répression et utilisation d’armes chimiques contre sa population.
«La Syrie n’a jamais cessé de faire partie des Etats qui respectent les conventions des Nations unies et le droit international, clame sur le sujet Lamia Chakkour. Les zones sont sécurisées. Nous demandons la levée des sanctions illégales et injustes.» De son côté, l’Union européenne réclame «une solution politique durable et crédible» comme condition à la levée de l’embargo. Alors que la moitié de la population syrienne est déplacée, il est bien difficile d’envisager un futur pour les vieilles pierres.
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