Famine en Afrique : le silence de la communauté internationale
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Voice of America le 13/04/2017
Des humanitaires déplorent « le silence » de la communauté internationale sur le Yémen
Des représentants des organisations humanitaires internationales Médecins sans Frontières, Médecins du Monde et l’Alliance internationale pour la défense des droits et des libertés (AIDL) ont déploré jeudi « le silence » de la communauté internationale sur le conflit au Yémen.
Le responsable de la cellule urgence de MSF, Laurent Sury a dénoncé « le silence diplomatique, pour ne pas mentionner la communauté internationale », lors d’une conférence organisée à Paris sur le bilan humanitaire au Yémen, entré dans sa troisième année de guerre.
« Depuis le début de ce conflit, nous avons fait plusieurs rencontres et les gens sont très gênés, mais il est clair qu’aucune diplomatie, aucun gouvernement aujourd’hui ne veut condamner ce qu’il se passe au Yémen » , a-t-il regretté, avant de critiquer l’attitude de certains Etats, « sous pression » compte tenu de leurs partenariats avec l’Arabie saoudite, notamment la vente d’armes.
Depuis mars 2015, l’Arabie saoudite intervient au Yémen à la tête d’une coalition militaire arabe qui soutient les forces gouvernementales du président Abd Rabbo Mansour Hadi, contre les rebelles chiites Houthis qui ont conquis la capitale Sanaa et occupent de vastes territoires.
Julien Dussart, responsable du bureau urgence à Médecins du Monde a estimé que la « passivité » de la communauté internationale s’expliquait par « la multiplication des conflits dans le monde, qui fait que le Yémen est noyé dans la masse, avec la Syrie et l’Irak qui occupent principalement l’attention médiatique ».
Les ONG internationales Médecins du Monde, Médecins sans Frontières, Action contre la Faim et l’AIDL ont rappelé la situation humanitaire catastrophique au Yémen: dix-neuf millions de personnes, soit 60% de la population sont en situation d’insécurité alimentaire, tandis que la moitié des centres de santé du pays ne sont plus fonctionnels.
Mohamed Al Shami, président de l’AIDL qui organisait cette conférence, a quant à lui souligné « l’évident échec du rôle de médiateur des Nations Unies pour le Yémen, Ismail Ould Cheikh Ahmed » qui « n’a pas su gérer les questions humanitaires et politiques ».
Soudan du Sud : les États de l’Équatoria partagés entre crainte et espoir
Recouvertes de bâches, les huttes semblent avoir été construites tout récemment. Quelques rares articles ménagers sont éparpillés sur le sol : des casseroles, des jerricans et quelques chaises en plastique. Ce camp de fortune apparu il y a quatre mois commence à ressembler à un vrai village : quelque 400 familles déplacées en raison du conflit armé y sont aujourd’hui installées.
Les notables du village de Bangolo ont mis un terrain à la disposition des nouveaux arrivés pour qu’ils y construisent des abris et cultivent de quoi se nourrir. « Nous avons partagé tout ce que nous avons », explique le révérend Monasseh Wajo, l’un des chefs locaux. « Mais c’est dur pour nous aussi. L’année dernière, nous avons fui à cause des combats. Nous avons passé quatre mois cachés dans la forêt tandis que nos récoltes pourrissaient sur pied. »
Connue comme étant le garde-manger du Soudan du Sud, l’Équatoria avait été relativement stable en comparaison avec d’autres régions de ce pays en proie à la guerre. Cependant, après la dernière série d’affrontements dont Juba a été le théâtre en juillet 2016, la guerre civile s’est propagée jusqu’ici. Les routes commerciales se sont retrouvées coupées par les lignes de front et des milliers de personnes ont été déplacées. Un taux d’inflation atteignant 600 % a transformé le quotidien de la population en une lutte perpétuelle pour la survie.
« À l’époque, des commerçants de Mundri passaient par ici et nous leur vendions les produits que nous cultivions. Cela nous permettait d’acheter du savon, du sel et de l’huile de cuisine. Aujourd’hui, nous sommes complètement isolés et nous ne pouvons plus nous procurer ces denrées », explique le révérend.
Dans la ville voisine de Mundri, David, agent de santé animale, explique que rares sont ceux qui osent encore s’aventurer hors de la ville. « Avant, nous partions chasser et pêcher en pleine forêt, et beaucoup de personnes exploitaient des fermes aux alentours de la ville. Aujourd’hui, si tu sors, tu n’es pas vraiment sûr de revenir. »
« L’agriculture est notre principal gagne-pain. Je suis né à la ferme et c’est toujours la terre qui m’a nourri, explique David. Quand tout allait bien, la ferme générait suffisamment de revenus pour couvrir toutes les dépenses et payer les frais de scolarité des quatre enfants de la famille. »
Toutefois, comme leurs voisins de Bangolo, les habitants de Mundri ont laissé perdre leurs dernières récoltes et ont dû partager le peu qu’il leur restait avec des centaines de déplacés affluant d’autres régions, en quête de sécurité. De nombreuses familles qui faisaient auparavant deux repas ne mangent plus qu’une fois par jour. « La seule chose que je trouve encore à cuisiner pour mes enfants, ce sont des feuilles d’amarante », se désespère Otilia, la femme de David.
Mais, plus encore que les importantes difficultés matérielles auxquelles les gens doivent faire face, le plus dur pour eux est sans doute la crainte constante dans laquelle ils vivent. « Nous sommes en permanence sur le qui-vive et nous redoutons toujours le pire », indique le révérend Wajo. Mais les gens ne perdent pas tout espoir et comptent sur la relative stabilité qui règne actuellement dans la région pour récolter ce qu’ils ont planté et ainsi faire face aux périodes difficiles.
« Nous avons tant de terres et elles sont si fertiles, dit Otilia. Tout ce qu’il nous faut, c’est la paix pour pouvoir les cultiver. »
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