Dossier : la crise des réfugiés rohingyas

Article publié sur le site des Nations unies le 23/10/2017

Les bailleurs de fonds promettent plus de 344 millions de dollars pour les réfugiés rohingyas

La communauté internationale des bailleurs de fonds a annoncé lundi qu’elle s’engageait à verser plus de 344 millions de dollars pour accélérer la fourniture d’une aide humanitaire essentielle aux réfugiés rohingyas et aux communautés d’accueil au Bangladesh.

Des fonds ont également été promis pour la réponse humanitaire au Myanmar où la violence, l’insécurité et les besoins humanitaires croissants ont poussé plus de 600.000 Rohingyas de l’Etat de Rakhine à fuir vers Cox’s Bazar au Bangladesh depuis le 25 août.

La « Conférence de promesses pour la crise des réfugiés rohingyas », organisée par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), l’Union européenne et le Koweït, s’était fixée pour objectif de collecter un total de 434 millions de dollars d’ici février 2018, dont 100 millions ont déjà été versés ou promis. L’Union européenne et le Koweït ont promis à eux deux l’équivalent de 50 millions de dollars supplémentaires. Au total, 35 engagements ont été pris lors de la conférence de Genève pour venir en aide aux réfugiés et aux communautés d’accueil, soit au total 1,2 million de personnes au sud du Bangladesh.

1,2 million de personnes ont besoin d’une assistance

« Les bailleurs de fonds humanitaires ont aujourd’hui exprimé leur solidarité et leur compassion avec les familles et les communautés dans le besoin. Ces promesses très généreuses doivent maintenant se traduire rapidement en secours aux réfugiés vulnérables et en soutien aux communautés d’accueil », a déclaré Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.

« Les promesses d’aujourd’hui de la communauté internationale aideront à reconstruire la vie des réfugiés rohingyas », a dit William Lacy Swing, Directeur général de l’OIM. « Nous sommes reconnaissants, mais j’espère que la fin de cette conférence ne signifie pas la fin des nouveaux engagements de financement. Nous n’avons pas atteint notre objectif ».

A l’ouverture de la conférence, les différents orateurs ont appelé à un financement d’urgence face à une crise sans précédent qui est « loin d’être terminée ». « Il s’agit d’une crise massive de réfugiés. Tous les partenaires travaillent ensemble pour fournir une aide efficace », a dit M. Lowcock.

Le soutien des bailleurs de fonds fait déjà une grande différence sur le terrain. La vaccination, notamment face aux risques de choléra et de rougeole, doit éviter « une crise dans la crise », selon M. Lowcock. « Mais les besoins changent constamment. Les nouveaux arrivants sont extrêmement mal nourris, notamment des enfants souffrant de malnutrition grave ».

Dans ces conditions, les agences des Nations Unies devront continuer à s’adapter face aux besoins et l’appel de fonds pourrait être modifié dans les semaines qui viennent.

La crise nécessite une mobilisation de tous

La réponse à la crise nécessite une mobilisation de tous, a pour sa part estimé William Lacy Swing, de retour du Bangladesh. Il a aussi exhorté les dirigeants de la planète « à entamer un processus politique qui permettra à tous ces réfugiés de retourner volontairement chez eux ». « Nous savons qu’il n’existe pas de solutions humanitaires pérennes à une crise politique ou à des problèmes politiques », a-t-il souligné.

De son côté, le Haut-Commissaire de l’ONU pour les réfugiés, Filippo Grandi, a mis en garde sur l’adoption de seules réponses à court terme. Car « si on ne trouve pas une solution aux causes profondes, la crise ne connaîtrait pas de fin et nous allons devoir revenir devant les donateurs pour leur demander de nouvelles ressources ».

Il a ainsi réitéré l’appel du Secrétaire général de l’ONU António Guterres de mettre un terme aux violences et aux abus mais aussi de garantir un accès à l’Etat de Rakhine, ainsi qu’un retour « sûr et volontaire » pour les Rohingyas. Face à la question de la citoyenneté pour des personnes considérées comme apatrides, « il faut donc créer les solutions aux problèmes de citoyenneté et sur le moyen terme, régler le problème du sous-développement dans l’Etat Rakhine », a répété M. Grandi.

Le Représentant permanent du Bangladesh auprès de l’ONU de Genève, Shameem Ahsan, a exhorté le Myanmar à cesser la violence et la pratique du nettoyage ethnique une fois pour toutes, avant d’engager le Secrétaire général de l’ONU à dépêcher immédiatement une mission d’établissement des faits au Myanmar. Il a appelé à ce que tous les citoyens, quelle que soit leur religion ou leur ethnie, soient protégés au Myanmar et a suggéré, à cette fin, que des « zones sécurisées » soient créées au Myanmar sous la supervision de l’ONU. Il a également réclamé la garantie du retour durable de tous les Rohingyas déplacés de force dans leur foyer au Myanmar, le pleine application, immédiate et inconditionnelle, des recommandations du rapport de la Commission Kofi Annan.

Selon l’ONU, 603.000 Rohingyas, dont des femmes et des enfants, ont franchi la frontière depuis le 25 août dernier, obligeant les autorités du Bangladesh et les agences de l’ONU à installer de nouveaux camps.


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