Au Soudan du Sud, « les souffrances extrêmes » d’une population livrée à la famine et la guerre
Article paru sur le site de France Info le 02/04/2018 par Claude Guibal
Près de sept ans après sa création, le Soudan du Sud vit l’une des plus grandes catastrophes humanitaires contemporaines, selon l’ONU. La guerre ethnique a affamé un pays qui ne peut se vouer qu’à l’aide internationale.
En juillet 2011, le Soudan du Sud célébrait sa création, devenant le plus jeune État du monde. Moins de deux ans après son indépendance, une guerre civile a fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts et plus de quatre millions de réfugiés. Malgré les promesses, l’aide internationale est insuffisante et la faim dévore les habitants d’un pays meurtri.
La guerre ethnique a ruiné les espoirs et les corps
À l’ombre des branches d’un grand margousier, des habitants attendent, sans souffler un mot. Ils ressemblent à des branches sèches et brûlées. Dans les zones rebelles du Sud Soudan, comme ailleurs dans le pays, la faim a dévoré les corps et fait danser au fond des yeux de folles étincelles. Depuis cinq ans de guerre, il n’y a plus de récolte. À chaque attaque, les cultures sont incendiées, le bétail volé.
Le dernier largage d’aide humanitaire dans la région remonte à trois ans, raconte le chef du village. Il avait alors fallu marcher trois jours, sous le soleil, afin de récupérer les rations. Depuis, ici, on ne survit qu’avec des feuilles, les lotus ramassés dans la rivière, et un peu de poisson. Arnaud, le référent médical de l’ONG Médecins sans frontières, ne trouve plus les mots, pour évoquer « les souffrances atroces » de la population.
On soigne des gens désespérés J’ai vécu des crises lors d’autres missions, mais ici, c’est l’extrême. Arnaud, référent médical de MSF au Soudan du Sud.
La lutte pour le pouvoir entre le président Salva Kiir et son vice-président Riek Machar a muté en guerre tribale. Nettoyage ethnique, viols, torture, aux monstruosités de la guerre s’ajoutent celle du sous-développement et des maladies comme la malaria, la leishmaniose et aucune infrastructure, ni voie d’accès. Une catastrophe humanitaire qui se joue dans le silence.
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