Alep et la politique américaine
Le bombardement d’un hôpital d’Alep devrait inciter les États-Unis à modifier leur politique en Syrie
Le bombardement dévastateur d’un hôpital d’Alep qui a tué au moins 50 civils, dont six membres du personnel médical et un certain nombre d’enfants, n’était pas un accident, et il n’a pas du être une surprise pour les défenseurs du cessez-le-feu syrien . « Pendant des semaines, le régime de Bachar al-Assad a proclamé son intention de reprendre la partie rebelle orientale d’Alep avec l’aide de « nos partenaires russes », comme l’a déclaré le premier ministre . Le bombardement des hôpitaux et des marchés est un composant classique des campagnes militaires de de Bachar al-Assad, destinés à pousser des civils hors des zones tenues par les rebelles.
Samedi, l’offensive d’Alep en était à son neuvième jour ; selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, 226 civils ont été tués par les bombardements, dont 50 femmes et enfants. Pourtant, les responsables américains et des Nations Unies étaient encore accrochés à l’idée qu’une «cessation des hostilités» jamais observée par le régime syrien, était encore d’actualité.
La politique américaine en Syrie a dégénéré en une routine écœurante. Le secrétaire d’Etat John F. Kerry négocie avec la Russie des mesures pour mettre fin à la violence, tout en insistant sur le fait que les États-Unis vont se tourner vers un «plan B» si elles échouent. La Russie et le régime syrien, se moquent des accords, en continuant à bombarder les civils et à attaquer les rebelles soutenus par l’Occident. M. Kerry dénonce les atrocités, se déclarant « indigné » par la « frappe délibérée d’une installation médicale connue. »
Puis, oubliant son discours précédent prônant ce plan B, M. Kerry revient vers les Russes avec un autre appel visant à une coopération. Voilà ce qui est arrivé après le bombardement de l’hôpital: le Département d’Etat a réengagé le «processus politique», selon M. Kirby, qui est allé jusqu’à décrire le plan B comme hypothétique. Vendredi un nouveau cessez le feu partiel a été annoncé dans la banlieue de Damas et la zone côtière de Latakia. Alep, où l’offensive a eu lieu en a été exclue.
En fait, il ne semble n’y avoir un plan B que pour les américains, selon le Wall Street Journal, qui a récemment signalé ce plan prévoyait de fournir des armes plus puissantes aux rebelles syriens, y compris des missiles en mesure d’abattre les avions et les hélicoptères syriens. Il a été largement rapporté que M. Kerry lui-même a fait pression pour plus d’aide aux rebelles afin de détenir un moyen qui pourrait avoir un effet de levier sur le régime d’Assad et la Russie. Et pourtant, l’action a été retardée, comme dans la guerre civile syrienne, par le président Obama, qui, craignant qu’une intervention des Etats-Unis aggraverait la situation, en rejette toutes les mesures qui pourraient faire mieux.
Les dernières atrocités devraient inciter M. Obama à reconsidérer son point de vue. Des mesures pour renforcer les rebelles ne sont pas la réponse adéquate au bombardement délibéré des hôpitaux et des marchés. Pragmatiquement, ils offrent cependant le seul moyen de forcer le régime d’Assad et de ses alliés à négocier sérieusement sur l’avenir de la Syrie. Le président a toujours la possibilité de limiter ses erreurs passées et créer un chemin vers la paix en Syrie. Il doit saisir cette chance.
Article (traduit de l’anglais) et paru sur le site du Washington Post
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