Le système humanitaire est-il divisé en castes ?
De tous les réfugiés, les Syriens sont devenus les chouchous.
L’impression qu’ils reçoivent un traitement préférentiel de la part des gouvernements, des bénévoles et des organisations humanitaires se généralise, ce qui entache les principes humanitaires et cause bien des problèmes aux intervenants à Lesbos et ailleurs.
Au centre de sélection de Kara Tepe, sur l’île de Lesbos, où les réfugiés syriens sont enregistrés après avoir débarqué des bateaux sur lesquels ils ont voyagé depuis la Turquie, les nouveaux arrivants sont accueillis par les sourires du personnel du Comité international de secours et par des bouteilles d’eau. Les petites filles et les petits garçons se font maquiller par Save the Children, tandis que leurs parents attendent dans des files bien organisées pour se faire enregistrer à l’un des guichets du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).
À quelques kilomètres de là, le tableau est bien plus sombre. Le centre pour migrants de Moria ressemble à une prison, avec ses hautes clôtures barbelées et ses portes menaçantes. Autour, des familles entières se recroquevillent dans des abris de fortune faits de bâches attachées à la clôture. Des centaines d’autres restent assis sous un soleil brûlant.
Que nous vaut cette différence ? C’est simple, le camp de Kara Tepe est réservé aux Syriens. Tous les autres doivent aller à Moria.
« Nous appelons cela le système des castes humanitaires », a dit un bénévole d’une organisation non gouvernementale (ONG) internationale sous couvert d’anonymat. « Nous l’observons dans les dons. Nous l’observons dans l’intérêt des bénévoles. Et nous l’observons chez les gouvernements. »
Voir le reportage sur le site de l’IRIN
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