L’évolution de la démographie mondiale

Article paru sur le site du Journal Le Figaro le 12/07/2019 par Séverine Maublanc

Vieillissement de la population, recul de la fécondité, explosion démographique des pays pauvres… À l’occasion de la journée mondiale de la population, Le Figaro revient sur les dernières projections démographiques de l’ONU.

Nous sommes aujourd’hui 7,7 milliards d’individus sur Terre. En 2050, nous serons 9,7 milliards et 10,9 milliards en 2100 selon le dernier rapport de l’Organisation mondiale des Nations Unies. Un chiffre qui implique toute une série de conséquences, à laquelle l’ONU veut sensibiliser les décideurs politiques. Raison pour laquelle, il y a tout juste trente ans, en 1989, l’organisation internationale créait une journée dédiée à la population. À partir de 1690 recensements nationaux, d’enregistrements d’états civils et d’enquêtes, l’ONU projette le devenir de 235 pays.

La diminution des naissances n’entrave pas la croissance mondiale

Alors que la fécondité – c’est-à-dire le nombre d’enfants par femme en âge d’avoir des enfants – baisse dans la plupart des pays du monde, la population continue de croître, certes à un rythme plus lent. L’allongement de la durée de la vie partout dans le monde et un nombre de naissances en Afrique subsaharienne, toujours largement plus élevé qu’ailleurs, expliquent ce phénomène. Le taux de fécondité y est de 4,6 par femme pour 2,1 dans le monde et 1,8 en France en 2019.

Selon les prévisions de l’ONU, l’Afrique subsaharienne (au sud du Sahara) comptera à elle seule plus d’un milliard de personnes en 2050. Globalement, les 47 pays les moins développés dans le monde sont ceux où la population augmente le plus vite. Conséquence: la pression accrue sur les ressources mondiales déjà saturées, entraîne une grande pauvreté, qui favorise des déplacements de population vers des pays plus riches.

La population va continuer d’augmenter

Neuf pays vont croître fortement, d’autres perdre jusqu’à 20% de leur population

La hausse mondiale est portée par seulement une dizaine de pays dont la croissance sera particulièrement forte: l’Inde, dont la population dépassera même celle de la Chine en 2027, l’Égypte, le Pakistan, l’Indonésie, les États-Unis seul pays très développé à conserver une croissance très soutenue, et de nombreux pays d’Afrique subsaharienne comme le Nigéria, le Congo, l’Éthiopie et la Tanzanie.

La croissance démographique sera portée par une dizaine de pays

En Afrique, même si la fécondité reste forte, les femmes ont, comme partout, moins d’enfants. Cette baisse pourrait même avoir un effet positif sur l’économie de ces pays, à condition qu’ils créent de l’emploi et investissent dans l’éducation. Les 25-64 ans, en âge de travailler, seront alors les plus nombreux. Une aubaine que les démographes appellent «dividende démographique».

À l’inverse, l’Europe devient le foyer des pays qui se dépeuplent. À cause d’un taux de fécondité très bas, la Lituanie et la Bulgarie vont perdre plus de 20% de leur population. Même chose pour de nombreux pays d’Europe de l’Est. En Asie, le Japon va lui aussi perdre presque 20% de sa population. Quant à la France, sa population augmenterait d’un million d’ici 2050, à 68 millions.

Au niveau mondial, outre la faible fécondité, les pertes de populations s’expliquent par des migrations, économiques (Venezuela ou Bangladesh par exemple) ou environnementales, ou encore les guerres, comme en Syrie ou au Soudan.

Nous vivrons de plus en plus âgés

Dans tous les pays, la durée de vie des hommes comme des femmes s’allongent, même si les femmes conservent leur avance. On vit aujourd’hui 72,6 ans dans le monde, soit 8 ans de plus qu’en 1990. L’ONU prévoit que cette durée de vie atteigne 77,1 ans en 2050. L’espérance de vie s’améliore également dans les pays les plus pauvres, même si l’écart reste de près de 14 ans avec les pays riches. Cette différence s’explique par une forte mortalité des enfants et des jeunes mères dans les pays pauvres, la violence de certains conflits et la persistance de l’épidémie de Sida.

En 2050, l’espérance de vie augmentera de 5 ans

Selon la prévision de l’ONU, les femmes vivent toujours plus longtemps que les hommes. Les habitants des pays riches auront un espérance de vie de 13 ans de plus, en moyenne, que ceux des pays pauvres.

Les plus de 65 ans seront plus nombreux que les 15-24 ans

Signe aujourd’hui de ce fort vieillissement, les personnes âgées de plus de 65 ans sont dans le monde plus nombreuses que les enfants de moins de 5 ans. Selon les projections de l’ONU, le monde comptera, pour la première fois, plus de personnes de 65 ans et plus, que de 15-24 ans, en 2050. Le nombre d’octogénaires et plus – 143 millions aujourd’hui – devrait tripler en 2050 et atteindre 426 millions.

 


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