Il commence par dire : hier quatre personnes ont été tuées en Syrie. Auparavant le chiffre était de 60 à 70 chaque jour. Il ajoute : je suis religieux et chaque matin je prie pour ceux et celles qui meurent en Syrie.
Tout a commencé avec le « Printemps arabe ». La réaction a été brutale et la militarisation des deux côtés a suivi avec l’appui de Puissances extérieures.
L’histoire sera notre juge un jour : en 5 ans de conflit, 300 à 500 000 personnes ont perdu la vie, 4 millions sont devenues des réfugiés, 1 million des personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays. Et ce conflit a affecté durement non seulement la Syrie mais aussi les pays voisins et également l’Europe.
Deux conférences à Genève n’ont produit rien d’autre qu’un constat d’absence de dialogue. Le conflit syrien se passait dans un vide d’intérêt et d’espoir, un peu comme la Somalie après l’incident du Faucon noir (« Black Hawk Down »). La Somalie a été oubliée pendant des années et la Syrie courait le même risque. Il fallait donc, même s’il n’y avait pas de perspective de règlement politique, garder la Syrie à l’ordre du jour.
Staffan de Mistura a donc décidé de se concentrer sur la ville d’Alep, deuxième ville de la Syrie après Damas, ville symbolique par son histoire et par son multiculturalisme.
L’élément déclencheur a probablement été le discours très fort du Secrétaire général des Nations unies à Charm el-Cheikh en juillet 2015. Il y a déclaré sa honte de voir se dérouler la plus grande tragédie humanitaire depuis la second guerre mondiale. Ce discours a amené les consultations de Genève, qui n’ont pas été très loin car les deux parties espéraient toujours gagner militairement. Mais ces 132 réunions au Palais des Nations ont permis aux Syriens de se faire entendre : en particulier les femmes de Syrie…
Trois facteurs ont changé la donne (« game changers ») et ont permis de passer de la politique idéaliste (« Idealpolitik ») à la « Realpolitik »
Les rencontres de Vienne du 30 octobre et du 14 novembre 2015 (« Déclaration du Groupe international d’appui pour la Syrie ») ont permis la constitution d’un groupe de contact (« contact group ») et mené aux conversations de Genève. Il a fallu les convoquer et les suspendre, pour bien montrer aux parties qu’il ne s’agissait pas de rencontres procédurales pour échanger des discours vides (« hot air meetings»). La suspension a permis de s’engager sur deux dossiers essentiels : l’aide humanitaire et la cessation des hostilités. Deux équipes spéciales (« task forces ») ont été créées, l’une chargée des questions humanitaires et l’autre chargée du cessez-le-feu. Et deux résolutions adoptées à l’unanimité par le Conseil de sécurité : la Résolution 2254 et la Résolution 2268.
La Résolution 2254 du 18 décembre 2015 fixe le cadre des négociations
La résolution 2268 du 26 février 2016 a exigé la cessation des hostilités à compter de minuit (heure de Damas) le 27 février 2016. Elle salue l’action menée par les Etats-Unis et la Fédération de Russie pour parvenir à un accord sur cette cessation des hostilités qui doit constituer un pas vers l’instauration d’un cessez-le-feu durable, réaffirmant le lien étroit entre ce cessez-le-feu et un processus politique parallèle.
Staffan de Mistura souligne qu’en 2016, 224 camions chargés de secours humanitaires ont pu atteindre 200.000 personnes. La cessation des hostilités est fragile mais elle existe. Nous devons la protéger et c’est essentiellement la responsabilité des deux Grandes Puissances.
La date de la reprise des pourparlers est fixée au 9 mars à neuf heures Mais le temps peut être flexible. Certaines délégations arriveront dans les jours qui suivront. Le Salon de l’Auto mobilise toutes les chambres d’hôtel à Genève jusqu’au 13 mars. Il faudra donc peut-être patienter jusqu’au 14.
En réponse à des questions, Staffan de Mistura souligne
Michel Veuthey,
Observateur Permanent Adjoint
Mission Permanente d’Observation de l’Ordre Souverain de Malte auprès de l’Office des Nations Unies à Genève
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