Article paru sur le site du journal Le Monde le 25/01/2019 par Rémi Barroux
Selon les Nations unies, plus de 10 000 personnes ont trouvé la mort dans les incendies, les inondations ou à cause des tempêtes.
Le bilan des catastrophes naturelles, bien qu’en légère diminution, reste lourd. Selon le Bureau des Nations unies pour la réduction des risques de catastrophes (UNISDR) et le Centre de recherche sur l’épidémiologie des catastrophes (CREC) de l’Université de Louvain (Belgique), 61,7 millions de personnes ont été affectées par 289 catastrophes naturelles en 2018, et 10 733 en sont mortes.
Ce chiffre est dans la continuité de la moyenne annuelle enregistrée entre 2000 et 2017, avec 77 144 décès, explique le communiqué publié jeudi 24 janvier. Plusieurs catastrophes majeures ont régulièrement alourdi ce bilan humain durant les deux dernières décennies, comme le tsunami dans l’océan Indien de 2004, le cyclone Nargis en 2008 en Birmanie ou le séisme en Haïti en 2010 – 297 140 personnes ont été tuées cette année-là, un record depuis 2000.
Les conséquences du changement climatique
« Il n’y a pas eu de mégacatastrophe de ce type en 2018, rappelle le rapport. Les pertes en vies humaines dues à des catastrophes naturelles majeures semblent être en diminution, probablement en raison de l’amélioration du niveau de vie et d’une meilleure gestion des risques de catastrophe. »
Pour autant, toutes les régions du monde ont été affectées par des événements météorologiques extrêmes. Parmi les pays les plus touchés figurent l’Inde, avec 24 millions de personnes affectées, puis les Philippines et la Chine (plus de 6 millions dans chaque cas). L’Indonésie est le pays qui a subi le plus grand nombre de pertes humaines, avec 4 535 décès, suivi par l’Inde (1 388) puis le Guatemala (427) et le Japon (419).
Au rang des catastrophes les plus destructrices, les inondations ont touché 35,4 millions de personnes, dont 23 millions au Kerala, en Inde. Les intempéries ont causé plus de 2 800 décès, dont plus de 500 en Inde, 220 au Japon, 199 au Nigéria et 151 en Corée du Nord.
Les tempêtes ont affecté moins de monde, avec près de 12,9 millions de personnes touchées, mais ont fait un « record de victimes », indique le rapport, avec près de 1 600 décès.
Le lien avec le changement climatique est établi. « Le temps presse pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ou 2 °C. Nous devons être tout aussi actifs en matière d’adaptation au changement climatique », a averti Mami Mizutori, la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la réduction des catastrophes.
Au total, 57,3 millions de personnes ont souffert directement des inondations, de la sécheresse, des tempêtes et des feux de forêt.
L’impact du réchauffement est particulièrement sensible s’agissant de la sécheresse qui a touché 9,3 millions de personnes, dont le Kenya (3 millions), l’Afghanistan (2,2 millions) ou encore l’Amérique centrale (2,5 millions), notamment, précise le rapport, « dans des foyers de migration comme le Guatemala, le Honduras, le Salvador et le Nicaragua ».
« La pauvreté doit être combattue »
Autre conséquence du bouleversement climatique à l’œuvre, notamment dus à la sécheresse, les incendies ont été particulièrement meurtriers en 2018, en Europe comme dans le nord du continent américain : 126 morts en Grèce, « dans l’incendie le plus meurtrier jamais enregistré en Europe », et 88 morts aux Etats-Unis avec les feux « les plus mortels depuis plus d’un siècle et le plus coûteux jamais enregistré, avec une estimation de 16,5 milliards de dollars [14,6 milliards d’euros] », écrivent les auteurs de l’UNISDR et du CREC.
Ils appellent au renforcement des réglementations et des critères de construction des bâtiments, ainsi qu’à une protection accrue des écosystèmes. « La pauvreté doit être combattue », a indiqué Mami Mizutori, représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU pour la réduction de catastrophes, qui demande que des mesures efficaces soient lancées pour atténuer l’exposition à l’augmentation des niveaux des mers.
L’UNISDR rappelle que les Etats membres des Nations unies se sont engagés à réduire la mortalité due aux catastrophes et le nombre de personnes affectées, le nombre de désastres et les pertes économiques liées d’ici à 2030. C’est le « cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015-2030 », adopté lors de la troisième conférence mondiale de l’ONU qui s’est tenue à Sendai, au Japon, en mars 2015.
Ce plan indiquait qu’il faut « d’urgence prévoir, planifier et réduire les risques de catastrophe pour mieux protéger les êtres humains, les collectivités et les pays, leurs moyens de subsistance, leur santé, leur patrimoine culturel, leurs biens socio-économiques et leurs écosystèmes, et améliorer ainsi leur résilience ».
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