Symptôme d’un monde qui va mal, il n’y a jamais eu autant de personnes déplacées par les conflits. On compte désormais 60 millions de déracinés. En 2015, 66 000 personnes ont été chassées de chez elles en moyenne chaque jour. Ce constat effrayant émane de l’observatoire des déplacements internes (IMDC) basé à Genève.
Depuis 1998, cet organisme comble une lacune. Si on connaît précisément le nombre de personnes qui se sont réfugiées dans un autre pays, recenser les déplacés à l’intérieur des frontières des Etats est plus compliqué. Or, les déplacés internes sont aujourd’hui deux fois plus nombreux que les réfugiés (40 millions contre 20 millions). Les premiers ne sont pas protégés par la convention de 1951. Ce traité oblige chaque pays à accorder l’asile aux personnes fuyant la guerre et les persécutions.
«Les centaines de milliers de réfugiés et de migrants qui mettent leur vie en danger pour atteindre les côtes européennes ont mis en lumière le phénomène du déplacement. Mais, en réalité, ils ne représentent que la pointe de l’iceberg», explique Jan Egeland, le secrétaire général du Norwegian Refugee Council, l’organisation humanitaire associée à l’IMDC.
Le Norvégien cite l’exemple de la Syrie, à l’intérieur de laquelle 6,6 millions de personnes sont déplacées. «Loin des projecteurs et hors d’atteinte des agences humanitaires, beaucoup survivent dans des conditions infra-humaines», dit-il.
La Syrie, justement, est pour beaucoup dans l’augmentation des déplacements en 2015. La moitié des 8,6 millions des personnes nouvellement déplacées sont soit syriennes, irakiennes ou yéménites. Trois pays où les combats font rage. D’autres guerres plus anciennes continuent de produire leur lot de déracinés, comme en République démocratique du Congo, au Soudan ou en Colombie.
Mais la plupart des personnes chassées de chez elles l’an dernier l’ont été par des catastrophes naturelles: soit 19,2 millions de personnes. La Chine, l’Inde et le Népal ont été les plus concernées des millions de déplacés chacun. Les deux pays les plus peuplés du monde ont été touchés par des inondations et des typhons. Le Népal a été frappé par un tremblement de terre en avril 2015. De manière générale, les catastrophes naturelles ont fait toutefois moins de dégâts que les années précédentes.
«Les déplacements après des catastrophes ont tendance à se prolonger», constate Alexandra Bilak, la directrice de l’IMDC.
La reconstruction est encore loin d’être achevée en Haïti six ans après le séisme et les déplacés de Fukushima, au Japon, ne peuvent pas rentrer chez eux à cause de la radioactivité.
Le chiffre de 40 millions de déplacés internes ne comprend pas les personnes qui ont fui des organisations criminelles ou à cause du réchauffement climatique. L’IMDC estime qu’un million de personnes ont été déplacés par les violences des gangs et des trafiquants de drogue en Amérique centrale. Quant aux épisodes de sécheresse, il est extrêmement difficile de parvenir à des estimations. Il faudrait aussi se pencher sur les habitants forcés de laisser la place pour construire de grandes infrastructures, comme des barrages ou des stades. Selon l’IMDC, 6600 familles de Rio Janeiro ont été déplacées à cause des travaux pour les jeux olympiques de cet été.
Les trois catastrophes qui ont entraîné le plus de déplacés en 2015
1. Le tremblement de terre du 25 avril au Népal a entraîné le déplacement de 2,62 millions de personnes.
2. Des inondations dans le Sud de l’Inde ont obligé 1,8 million de personnes à fuir leur maison.
3. Des inondations dans l’Est du Myanmar a précipité 1,62 millions de Birmans sur les routes.
-> Lire l’article sur le site du journal Le Temps
-> Découvrir le rapport (en anglais)
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