Article paru sur le site Vatican News le 12/02/2020 par Xavier Sartre
La création d’un nouveau poste au sein de la Section pour les relations avec les États chargé du suivi du secteur multilatéral est un précieux indicateur de la nature de la diplomatie du Saint-Siège. Mgr Bruno-Marie Duffé, secrétaire du dicastère pour le Service du développement humain intégral revient sur l’importance du multilatéralisme défendu par le Pape François et sur le rôle joué par l’ensemble des acteurs impliqués.
La nomination de Francesca Di Giovanni au poste de sous-secrétaire de la Section pour les relations avec les États, chargée du suivi du secteur multilatéral n’est pas qu’innovant pour le rôle des femmes au sein de l’Église. Elle est aussi une décision qui concrétise le soin apporté par le Saint-Siège à tout ce secteur regroupant notamment les ONG.
Mgr Duffé, qui travaille beaucoup lui aussi avec les ONG dans le cadre de ses fonctions au sein du dicastère pour le Service du développement humain intégral, constate que cet aspect de la diplomatie n’est pas à négliger dans la mesure où l’on assiste à la convergence de deux phénomènes : «fragilisation du droit international et du coup de la protection des personnes les plus vulnérables» et des États, «les deux choses étant liées car le droit est d’autant plus fort que les États en sont les garants», explique le secrétaire du dicastère.
L’Église actrice multilatérale
Dans ce cadre-là, l’Église est sollicitée pour apporter une réflexion morale sur différents sujets comme l’économie, les migrations ou les conflits qui s’éternisent. «L’Église est dans une posture de dialogue avec de nombreux acteurs», précise Mgr Duffé. «La diplomatie de l’Église, c’est d’abord une présence qui écoute, qui essaie de comprendre», insiste-t-il, ajoutant : «cette diplomatie est en amont : elle cherche les solutions d’une rencontre, d’une négociation, de la paix» tout en laissant ensuite chacune des parties prendre ses décisions et ses responsabilités.
Si la diplomatie du Saint-Siège parvient à ce résultat, c’est qu’elle a «cette force, celle liberté spirituelle, intellectuelle et morale» qui lui permet d’être au cœur des rencontres. «Il s’agit d’être en position de conseil, d’aide à la réflexion et d’aide à l’actualisation des processus de paix» poursuit Mgr Duffé.
Culture du dialogue et subsidiarité
Le Pape, lors de ses vœux au corps diplomatique, au début du mois de janvier, a exprimé son souhait de voir le multilatéralisme se renouveler. Pour cela, il faudrait deux points d’appui majeur estime le secrétaire du dicastère pour le Service du développement humain intégral.
D’abord et avant tout, privilégier la culture de la rencontre maintes fois promue par François. «Cela présuppose qu’il n’y ait pas d’étiquette et d’enfermement de l’autre dans ce qu’il a pu dire ou faire», ce qui n’est pas évident estime Mgr Duffé. Ensuite, il faut «une exigence de fidélité» aux mots qui ont été posés avec prudence lors des discussions ou des négociations.
Enfin, il faut rappeler que chaque acteur a une part de responsabilité dans les relations multilatérales, ce qui «n’est pas sans rapport avec le deuxième principe de la doctrine sociale de l’Église qui est celui de la subsidiarité.»
Mgr Duffé revient sur l’importance de réseau multilatéral:
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