Article paru dans le journal La Croix le 04/01/2017
N’en déplaise aux pays qui font office de « poids lourds » sur le continent, la République de Malte, 450 000 habitants pour un peu plus de 300 km2, vient de prendre les rênes du Conseil de l’Union européenne (UE), grâce au principe de présidence tournante chaque semestre. Le gouvernement maltais a longuement préparé sa tâche. Son premier ministre, le travailliste Joseph Muscat, entend bien convertir l’envergure de petit poucet de son pays en atout. Notamment pour jouer les conciliateurs. « Ce sera la présidence qui construira des relations entre les pays qui ont des opinions différentes », a clamé l’ancien journaliste en novembre dernier, lors d’un déplacement en Pologne.
Il n’y aura pas besoin d’aller chercher bien loin pour trouver des divergences. L’île méditerranéenne voudrait notamment se concentrer sur le dossier très clivant de la gestion migratoire. « Sur cette question, il peut y avoir des avancées intéressantes sur la répartition solidaire des demandeurs d’asile dans l’UE », estime une source du Conseil européen, après six mois d’une présidence slovaque peu encline à imposer ce sujet.
C’est déjà dans la capitale maltaise, La Valette, qu’un sommet européen avait débouché en novembre 2015 sur une série de mesures pour « s’attaquer aux causes profondes de la migration ». Depuis, la coopération avec les pays d’origine et de transit a été renforcée en Afrique pour faciliter les retours et prévenir les départs, mais les efforts parallèlement promis pour mieux protéger les demandeurs d’asile sur le sol européen tardent à venir. « Nous avons besoin d’un système d’asile fondé sur le principe de solidarité et de dignité en ce qui concerne la relocalisation des réfugiés », estime Miriam Dalli, députée européenne maltaise de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates.
Dès le 3 février, un premier sommet aura lieu à La Valette en l’absence de la première ministre britannique. Puis les autres rencontres se dérouleront au grand complet à Bruxelles, en mars et juin, avec le Brexit en ligne de mire. Londres a en effet promis d’activer, d’ici à la fin mars, l’article 50 du traité de Lisbonne pour officialiser la séparation entre l’UE et le Royaume-Uni. Malte, pays anglophone proche des Britanniques, aura là encore à cœur d’adoucir l’âpreté des négociations. « L’enjeu le plus important est de veiller à ce que des lignes de communication claires et de bonne foi soient maintenues », souligne le député européen Alfred Sant, ancien premier ministre travailliste de Malte.
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