Sécuriser les villes est en train de devenir crucial à notre époque. Déjà, la moitié de la population mondiale vit dans les zones urbaines; d’ici 2050, l’ONU prévoit que ce sera le cas de plus des deux tiers de la population mondiale. Ces villes sont confrontées à des menaces non seulement par des groupes tel qu’Al-Qaïda, Daesh, ou les talibans , mais également par des cartels internationaux de la drogue, des réseaux de traite des êtres humains, des trafiquants d’armes et des gangs de rue.
Alors que les villes grandissent, leurs vulnérabilités évoluent souvent de manière exponentielles. Les défis d’une mégalopole de 20 millions sont aussi complexes que 10 villes de 2 millions de personnes. De nouveaux modèles émergent, en grande partie parce que la taille crée des opportunités pour les criminels et les extrémistes grâce à l’anonymat et une faible répression de ces nouveaux espaces.
Un autre facteur est la rareté des ressources. Plus les populations (et la densité de population) augmente moins les ressources et les services d’urgence sont en mesure de faire face. En 2013, par exemple, Nairobi avait une population de 4 millions et un seul camion de pompiers. L’eau est de plus en plus rare, en partie à cause des effets du changement climatique dans de larges régions du Moyen-Orient et d’Afrique. Par de nombreux endroits, la migration urbaine est marquée par les quartiers les plus pauvres et les plus vulnérables dans une société sans cesse en mouvement où émergent d’énormes bidonvilles.
En même temps, l’urbanisation de ces villes sont un moteur clé de la croissance économique mondiale. Commerce, investissement étranger et la mondialisation renforcent la prospérité. Mais les mouvements des personnes, de biens et d’idées créent également des vulnérabilités et il est impératif que les régions métropolitaines collaborent sur la sécurité.
Voilà pourquoi, Brookings et JPMorgan Chase,ont lancé « Sécurisation Global Cities »
Le projet d’une durée de 1 an projet ne fait que commencer, mais quelques principes sont déjà en train d’émerger.
Tout d’abord, pour lutter contre le terrorisme et l’insurrection, les villes ne doivent pas se limiter à la seule intervention des forces armées.
Elles doivent en plus des forces militaires et des organismes de lois s’appuyer sur l’éducation, les entreprises et les ONG qui sont des acteurs essentiels. Les villes ont besoin de coordonner leur manière de gérer des crises immédiates, comme elles doivent anticiper les défis futurs.
En second lieu, la plupart des catastrophes naturelles dans le monde ces vingt dernières années, aussi terrible qu’ils ne l’aient été, ont touchés « une taille restreinte » de population : le séisme en Haïti en 2010, le tsunami japonais de 2011, le typhon Philippines de 2013, le virus Ebola en Afrique de l’Ouest en 2014, et les récents tremblements de terre au Pakistan et au Népal. Y compris le terrible tsunami de 2004, aussi tragique qu’aient été ses effets , a principalement détruit de petites villes et des villages de pêcheurs en Indonésie et en Asie du Sud. Le prochain «big one» pourrait frapper Karachi ou Lagos ou Rio ou une autre ville à forte densité humaine.
Même les villes qui peuvent sembler avoir la capacité de gérer une catastrophe future ou un autre type de défi de type sécuritaire pourraient être dépassées si leur infrastructure s’avère défaillante. Des millions de personnes pourraient alors être laissés dans l’obscurité ou le froid, sans eau, ni nourriture ou soins médicaux. Des catastrophes naturelles majeures pourraient facilement atteindre les villes déjà dépassées par d’autres types de violence.
Troisièmement, les changements technologiques offrent de nouvelles opportunités pour la sécurisation des villes. Hélas, ils fournissent également de nouvelles façons de faire des affaires pour les organisations criminelles et extrémistes. Les villes devront réagir de manière souple, et évoluer vers de meilleures pratiques que leur permettront d’utiliser les nouvelles technologies et d’appliquer les politiques de changement. Elles doivent se rappeler que la sécurisation des villes requerra une main d’oeuvre importante.
Bien sûr, même si les villes deviennent plus grandes, et qu’une fraction élevée de la population mondiale y migre, le monde est également de plus en plus petit. Cela nous amène au quatrième point: les communications et les technologies de transport nous relient d’une nouvelle façon encore inconnue. Même si la richesse et la sophistication de la planète s’accroissent de manière significative, elle nous laissent également vulnérables face à de nouveaux dangers .
Le cinquième et dernier principe est le suivant : la collaboration est au cœur de notre stratégie de recherche de solutions au problème. Quelques villes ont déjà développé de nombreuses bonnes pratiques. Une grande partie du défi consiste à les diffuser, tout en partageant leurs idées sur la façon d’adapter les principes de base à diverses circonstances spécifiques d’une région et d’une région métropolitaine à l’autre. C’est une étape importante pour le renforcement de la sécurité urbaine et le développement économique à travers le monde.
Le général Raymond Odierno (retraité de l’armée américaine) a été chef d’état-major de l’armée de 2011 à 2015 et a auparavant commandé la Force multinationale en Irak; il est un conseiller principal chez JP Morgan Chase. Michael O’Hanlon est chercheur principal et directeur de la recherche dans le programme de politique étrangère à la Brookings Institution.
Traduit de l’anglais. Lire l’article en anglais sur le site The National Interest
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