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En Turquie, l’accusation de « terrorisme » confirmée pour un prêtre qui avait donné du pain

Loaf of fresh baked wheat bread in man's hands in sunshine. Rustic day light in dark room. Toned image

Article publié sur le site du journal La Croix le 11/02/2020 par Claire Lesegretain

Arrêté le 9 janvier dans le sud-est de la Turquie, le père Sefer Bileçen est accusé de « terrorisme » pour avoir donné du pain à un membre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Ce prêtre de l’Église syriaque orthodoxe a été inculpé le 16 janvier, mais les autorités turques ont gardé l’information sous silence jusqu’au 8 février.

Le père Sefer Bileçen, connu sous le surnom de « père Aho » et gardien du vieux monastère syriaque orthodoxe Mor Yakup (saint Jacob), a été inculpé le 16 janvier pour « adhésion à une organisation terroriste ».

Arrêté avec trois autres personnes le 9 janvier dans la province de Mardin, dans le sud-est de la Turquie, le père Aho est accusé d’avoir fourni du pain et de l’eau à des membres des Forces de défense du peuple (HPG), la branche militaire du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui a été désignée comme une « organisation terroriste » par la Turquie.

L’organisation internationale Christian Solidarity Worldwide (CSW), spécialisée dans la liberté religieuse et la défense des personnes persécutées pour leurs convictions chrétiennes, se dit « profondément préoccupée par les accusations non fondées portées contre le père Aho ».

« Nous appelons les autorités turques à abandonner l’affaire immédiatement et sans condition préalable », déclare Mervyn Thomas, directeur général de CSW, dans un communiqué du mardi 10 février.

Si l’inculpation prononcée le 16 janvier à l’encontre du père Aho n’a pas été connue plus tôt, c’est parce que, selon le CSW, « le parquet chargé de l’enquête a rendu une décision de confidentialité ». Ce n’est que samedi 8 février que l’information a filtré.

Un fils prêtre à Istanbul

CSW fait part également de son inquiétude à propos d’Hurmuz et Şimoni Diril, qui sont portés disparus depuis le 11 janvier dernier. Leur fils, le père Remzi Diril, est le curé de la paroisse chaldéenne d’Istanbul.

« On se demande toujours où se trouve ce couple de chrétiens âgés, originaire du village de Mehre (Kovankaya) dans le district de Beytüşşebap, dans la province de Şırnak, dans le sud-est de la Turquie », peut-on lire dans ce communiqué de CSW.

Selon des sources, citées par CSW, le couple aurait reçu dans le passé plusieurs menaces de la part de résidents turcs et kurdes. Certains témoignages de voisins évoquent la piste d’un kidnapping. Le but d’éventuels ravisseurs serait « d’effrayer les chrétiens restants et de les forcer à quitter leur terre ancestrale », selon CSW

« Nous sommes profondément préoccupés par la vie et la santé des époux Diril et nous demandons une enquête approfondie sur leur cas », déclare Mervyn Thomas, en exhortant la communauté internationale « à soulever ces cas avec le gouvernement turc lors de discussions bilatérales ».

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