Article paru sur le site l’Opinion le 30/03/2020 par Gilles Sengès
A l’image de Refugees international, les organisations non gouvernementales s’inquiètent du sort des personnes «les plus vulnérables de la planète»
Depuis que la pandémie s’est répandue en Iran (39000 cas et 2640 morts annoncés), des dizaines de milliers d’Afghans, parmi les 3 millions de ceux réfugiés dans la République islamique, sont rentrés en catastrophe chez eux. Au risque d’introduire le virus dans un pays en guerre qui ne compte qu’un médecin pour 10000 habitants…
A l’autre bout du continent, c’est vers le Venezuela (119 cas confirmés, 3 morts) que les regards se tournent. Non seulement 9,3 millions d’habitants, soit un tiers de la population, y souffrent de la faim, mais les 4,9 millions de personnes ayant fui le pays voient leur situation se dégrader alors que l’heure est au confinement en Amérique latine… Il y a aussi le drame que connaissent les 5,6 millions de réfugiés et les 6,5 millions de déplacés à l’intérieur d’une Syrie en guerre (9 cas dont 1 mort officiellement), où une grande partie des infrastructures de santé ont été détruites.
En tout, Refugees international, organisation non gouvernementale américaine, chiffre à plus de 70 millions le nombre de réfugiés, demandeurs d’asile et personnes déplacées que le coronavirus va toucher d’une manière « disproportionnée », dans un rapport présenté lundi.
« Les plus vulnérables de la planète » vivent d’abord dans des camps, à forte densité humaine. Pour la plupart, ils ne disposent pas de services basiques, dont ceux touchant à la santé. Mal informés, voire pas du tout, ils risquent de répandre l’épidémie autour d’eux alors que, dans le même temps, l’aide internationale – humanitaire et alimentaire – risque de se tarir avec l’arrêt des liaisons aériennes. « Au moment où la solidarité mondiale et la coopération sont essentielles, beaucoup de nations se replient sur elles-mêmes pour protéger leurs citoyens », constate l’ONG, inquiète aussi pour l’appui financier apporté aux réfugiés et aux déplacés.
Exemple portugais
Refugees international appelle à une aide internationale accrue et plus inclusive, à des campagnes d’information à l’égard des personnes concernées, au déploiement de davantage de personnels médicaux et d’équipements de protection pour les humanitaires, à l’amélioration de la situation sanitaire dans les camps et à leur décongestion.
Elle demande aussi de mettre fin aux internements et aux expulsions des demandeurs d’asile, à l’image de ce que fait le Portugal (5962 cas, 119 décès) depuis dimanche, avec la régularisation temporaire des immigrés en attente de titre de séjour. Cela doit leur permettre de bénéficier, eux aussi, des mesures prises dans le cadre de la lutte contre le Codiv-19, comme la prise en charge à domicile en cas de symptômes et la protection de l’emploi et des salaires.
Source URL: https://diplomatie-humanitaire.org/coronavirus-le-trou-noir-des-70-millions-de-refugies-et-deplaces-dans-le-monde/
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