Par une nuit froide canadienne de décembre, Justin Trudeau le nouveau Premier ministre du pays, a attendu et accueilli le premier avion de réfugiés syriens atterrissant sur le sol canadien, en vertu de sa politique des réfugiés, à bras ouverts avec des poignées de main, des embrassades et des manteaux chauds et gonflés.
« Vous êtes en sécurité à la maison maintenant », a déclaré un rayonnant M. Trudeau au moment du débarquement des familles syriennes .
Cet accueil de Justin Trudeau à l’aéroport de Toronto ce soir-là reflétait une promesse qu’il avait fait pendant sa campagne d’automne pour ouvrir le Canada à un maximum de 25 000 réfugiés syriens dans les mois à venir – et de doubler ce chiffre à 50.000 d’ici la fin de l’année 2016.
Mais derrière cette promesse de campagne il existe quelque chose de beaucoup plus profond, une éthique et une tradition nationale d’accueillir les victimes des conflits dans le monde, ce qui contrastait fortement avec les objectifs beaucoup plus modestes et contradictoires voire même hostiles des Etats-Unis.
Dans le cas du Canada, cet accueil à bras ouvert reflète un certain nombre de facteurs intrinsèques et pratiques: les Canadiens sont fiers généralement de leur ouverture sur le monde et de leur désir de partager leur bonne fortune nationale avec moins fortunés du monde. Sur un plan pratique, le Canada a depuis des décennies accueilli des réfugiés dans le cadre d’un système national à trois niveaux : public, privé, et à titre individuel.
«Le gouvernement du Canada a une longue et fière tradition de fournir une protection à ceux qui en ont le plus besoin en procurant un refuge aux milliers de personnes les plus vulnérables du monde», dit Faith St. John, un porte-parole de Citoyenneté et Immigration Canada à Vancouver.
Le procédé est un programme nommé « parrainage particulier des réfugiés », unique au monde, dans lesquelles les organisations canadiennes en prennent en charge l’intégration financière et sociale des immigrants lors de leur première année au Canada.
« Je voudrais vraiment dire qu’il est dans notre ADN national de se lever et répondre à ces situations de bouleversement et de crise humanitaire dans le monde », dit Louisa Taylor, directeur des réfugiés 613, une coalition populaire d’individus et d’organisations non gouvernementales qui défendent la réinstallation des réfugiés dans le conté d’Ottawa (code régional 613, d’où le nom).
« Nous nous considérons comme une nation d’immigrants, nous pouvons faire preuve d’empathie avec les gens dans ces situations», ajoute-t-elle. « Nous avons toujours répondu à ces crises de réfugiés sur du long terme, remontant au moins aux Vietnamiens dans les années 70, de ce fait les Canadiens ont tendance à dire:« Nous pouvons le faire, nous avons fait cela avant de nombreuses fois . ‘ »
Il y a un autre facteur clé: il serait impossible d’expliquer la vague de soutien et de compassion qui a permis au Canada de prendre 25.000 réfugiés syriens en quelques semaines sans tenir compte de l’impact sur la psyché nationale de la mort d’Alan Kurdi au Canada. Alan était ce petit garçon syrien de trois ans qui s’est noyé en traversant la Méditerranée avec sa famille en septembre dernier et dont le corps échoué sur une plage turque a été ramassé et bercé par un officier de police turque.
La photo d’Alan, inanimé, visage dans le sable, ses petites chaussures de tennis soigneusement attaché sur ses pieds, a secoué le monde. Mais pour les Canadiens, il est devenu beaucoup plus personnel quand ils ont su que sa famille avait des parents en Colombie-Britannique et avait tenté d’immigrer légalement au Canada avant d’abandonner en désespoir de cause et de prendre la mer.
Vous avez entendu l’argument selon lequel les réfugiés syriens constituaient une menace pour la sécurité, ou qu’ils étaient pour la plupart faux demandeurs mais Alan Kurdi mort», dit Mme Taylor. «Quand on a appris que sa famille avait essayé de venir au Canada, cela a été comme un upercut à tout le pays», ajoute-t-elle. «Les gens disaient:« Ce n’est pas le Canada, si nous avions été fidèles à nos valeurs, la famille Kurdi n’aurait pas eu ce destin tragique et Alan serait aujourd’hui en train de se préparer à aller à l’école maternelle »
L’histoire d’Alan est devenue une question électorale. Justin Trudeau fut interpellé sur la question qui a remobilisé les racines de son Parti libéral comme le parti des immigrants. Il s’est alors conformé à la tradition d’accueil du pays pour gagner le soutien de son propre camp en défendant son plan pour recevoir rapidement 25.000 réfugiés syriens.
Et Trudeau a remporté une victoire écrasante – suggérant à certains Canadiens que c’était l’appel du candidat à ses compatriotes d’ouvrir leurs portes et leurs cœurs aux réfugiés syriens qui a fait une différence décisive tant dans l’élection qu’après.
«Avant l’élection, nous pensions que nous allions avoir à être un groupe de pression poussant le gouvernement à faire plus», dit Taylor, « Mais au lieu de cela le gouvernement nous a mis au défi de nous organiser et d’en faire plus. »
Traduit partiellement de l’anglais
Article complet (en anglais) sur le site du Christian Science Monitor
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