Article paru sur le site du journal La Croix le 26/02/2018 par Emmanuel Haddad
En soulageant Syriens et Libanais sans distinction de confession, l’Ordre de Malte défend une action humanitaire teintée d’œcuménisme dans un pays qui accueille plus de 1 million de réfugiés.
Un bambin emmitouflé dans une couverture d’un côté, ses papiers d’identité de l’autre, une jeune mère syrienne originaire d’Alep pénètre dans un bus blanc orné de la Croix-Rouge de l’Ordre de Malte qui vient de stationner au milieu d’un camp de réfugiés syriens de Joub Jannine, au Liban.
Stéthoscope au cou, sourire hilare, le docteur Jamal Ismaïl s’empare du petit Mahmoud en pleine crise de larmes, le pèse, l’ausculte, le rassure et lui prescrit de la vitamine D ainsi qu’un traitement pour la grippe. « Ils souffrent tous d’otite, de grippe, de fièvre, à cause des conditions de vie dans les camps », livre le médecin, de confession chiite, qui travaille depuis vingt-six ans pour l’Ordre de Malte.
Sœur Maria, femme de caractère
Depuis deux ans, il tient chaque jour une consultation pour les réfugiés syriens depuis sa clinique mobile, dans 45 camps de réfugiés de la Bekaa Ouest, région frontalière avec la Syrie. Sauf le vendredi, où il visite les villages libanais. Pour les cas plus sérieux, il dirige les patients vers le centre de santé de l’Ordre de Malte, à Kefraya, où la sœur Maria est aux commandes.
Originaire de la ville chrétienne de Damour, cette femme de caractère est l’une des pionnières de l’action humanitaire de l’Ordre de Malte au Liban : « Pendant l’invasion israélienne du Sud-Liban dans les années 1980, nous maintenions, à Roum, le seul centre médical de la région pour 60 000 habitants. Je soignais des chrétiens, mais aussi des déplacés chiites, ainsi que des Palestiniens. Devant un malade, on ne regarde pas la religion ou la nationalité », dit-elle simplement.
L’hôpital de Jérusalem créé en 1048
Aujourd’hui, c’est la Syrie voisine qui vit sous les bombardements depuis bientôt huit ans. Plus de 1 million de ses habitants se sont réfugiés au Liban qui subit de ce fait, une pression sur ses ressources, son marché du travail et son fragile équilibre confessionnel.
Mais le 1er février, le premier ministre Saad Hariri a fait une promesse : « Nous ne laisserons personne, sous aucune circonstance, pousser les réfugiés syriens à un retour forcé », a-t-il déclaré tout en rappelant que « nous avons besoin de plus de soutien international car nous rendons un service public à la communauté internationale. »
Sœur Maria est fidèle aux valeurs fondatrices de l’Ordre de Malte, qui remontent à la création de l’hôpital de Jérusalem en 1048, ouvert pour tous les malades, « sans distinction de religion, d’origine ou d’âge ».
Dans le centre médico-social de Kefraya, Assia, une Syrienne de Deir Ez-Zor, veuve et mère de huit enfants, vient faire soigner sa benjamine après que l’aînée y a récemment accouché. « Qu’importe la religion, ici, on nous traite avec respect et dignité », dit-elle.
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