Article paru sur le site du journal Le Temps le 18/07/2020
Dans une allocution lors d’une conférence virtuelle à l’occasion du 102e anniversaire de la naissance de Nelson Mandela, le secrétaire général de l’ONU a fustigé les inégalités et déploré la grande fragilité du monde d’aujourd’hui. Il a relevé que les 26 personnes les plus aisées de la planète détiennent autant de richesses que la moitié de la population mondiale
La pandémie de Covid-19 pourrait faire basculer 100 millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté, mettant en lumière «la fragilité de notre monde» inégalitaire, a estimé samedi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.
«Nous avons été mis à genoux par un virus microscopique. La pandémie a démontré la fragilité de notre monde», a déclaré Antonio Guterres lors d’un discours à l’occasion du 102e anniversaire de la naissance de Nelson Mandela, premier président sud-africain noir (1994-1999). «Des régions entières qui avaient fait des progrès dans l’éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités ont, en l’espace de quelques mois, reculé de plusieurs années», a-t-il relevé lors d’une conférence virtuelle organisée par la Fondation Mandela basée à Johannesburg.
Avec la pandémie, qui a fait plus de 590 000 morts, le monde «est confronté à la pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale» avec «100 millions de personnes supplémentaires qui pourraient tomber dans l’extrême pauvreté», selon Antonio Guterres. Le Covid-19 «a dévoilé les risques que nous avons ignorés depuis des décennies: des systèmes de santé inégalitaires, (…) la crise du climat», a-t-il encore poursuivi dans un plaidoyer contre les inégalités.
La pandémie «opère comme une radio, révélant les fractures du fragile squelette des sociétés que nous avons construites. Elle met en évidence les idées fausses et les mensonges partout: le mensonge que le marché libre peut fournir des soins médicaux à tous, la fiction que le travail non rémunéré des soins à la personne n’est pas du travail, l’illusion que nous vivons dans un monde post-raciste, le mythe que nous sommes tous dans le même bateau», a-t-il ajouté.
«On flotte tous sur la même mer, mais certains sont sur des supers yachts, tandis que d’autres se cramponnent à des débris flottants», s’est-il indigné, rappelant que 26 des personnes les plus aisées de la planète détiennent à elles seules autant de richesses que la moitié de la population. «Le Covid-19 met en lumière ces injustices», en frappant en premier lieu «les plus vulnérables», a renchéri Antonio Guterres.
Les ressources «ne sont pas les seuls moyens de mesurer les inégalités. La chance des gens dans la vie dépend de leur sexe, de leurs origines familiales et ethniques».
Le mouvement antiraciste né de la mort de George Floyd, un Américain noir tué par un policier blanc en mai aux Etats-Unis, «est un signe supplémentaire que les gens en ont assez: assez des inégalités et de la discrimination qui traite les gens comme des criminels sur la base de la couleur de leur peau», a souligné le secrétaire général de l’ONU, appelant les dirigeants à construire « un monde plus égalitaire et plus durable ». Et le patron de l’ONU de conclure: «Nous sommes à un tournant.»
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