L’Union européenne et la lutte contre le terrorisme

Les attentats meurtriers de Paris et de Copenhague ainsi que les attaques en Belgique ont souligné la réalité et l’ampleur de la menace terroriste djihadiste sur le territoire européen.

Ils ont aussi posé avec acuité la question de la réponse européenne à cette menace. Les dispositions des traités ne portent pas atteinte à l’exercice des responsabilités qui incombent aux États membres pour le maintien de l’ordre public et la sauvegarde de la sécurité intérieure. Mais l’Union doit aussi œuvrer pour assurer un niveau élevé de sécurité, en particulier par des mesures de coordination et de coopération entre autorités policières et judiciaires. Se pose dès lors la question d’une « plus-value » européenne dans un combat qui incombe d’abord aux États membres eux-mêmes.

FONDATION ROBERT SCHUMAN – QUESTION D’EUROPE N°372 – 23 NOVEMBRE 2015 – Philippe Delivet

Le terrorisme constitue une menace permanente et diffuse pour l’Union européenne. Entre 2009 et 2013, 1 010 attentats – avortés, déjoués ou réussis – ont été recensés dans les États membres. Ils ont causé la mort de 38 personnes. En 2013, selon l’Office européen de police Europol (European Police Office), 152 attaques terroristes ont eu lieu dans cinq États membres, la majorité en France, en Espagne et au Royaume-Uni. Depuis 2011, on observe une augmentation continue des arrestations pour des faits de terrorisme ayant une motivation religieuse. La radicalisation religieuse a joué un rôle évident dans au moins deux attaques, en 2013, au Royaume-Uni et en France. Plusieurs affaires ont mis en évidence la menace venant d’individus auto-radicalisés, auto-organisés et autofinancés.

La menace liée à la radicalisation religieuse s’est malheureusement concrétisée en 2015 dans les attaques commises à Paris (7 janvier et 13 novembre) et à Copenhague, ainsi que dans les attentats déjoués en Belgique.

L’Union européenne est par ailleurs confrontée au phénomène des combattants quittant l’Europe pour mener la guerre sainte (djihad) en différents lieux, en particulier en Syrie. On estime qu’entre 3 500 et 5 000 citoyens de l’Union auraient quitté leur pays pour devenir des combattants étrangers après le déclenchement de la guerre et des violences en Syrie, en Irak et en Libye. Ils peuvent constituer une menace sérieuse pour la sécurité à leur retour sur le territoire de l’Union. En août 2014, le Conseil européen a identifié la gravité de cette menace. Comme l’a souligné la déclaration conjointe des participants à la réunion européenne et internationale, organisée le 11 janvier 2015 à Paris, l’Union est confrontée à une menace terroriste multiforme qui vise directement ses valeurs. Le 14 novembre, après les attaques terroristes de Paris qui ont fait 129 morts et 352 blessés, les chefs d’Etat et de gouvernements des Etats membre de l’Union et les dirigeants des institutions européennes ont estimé, dans une déclaration commune, qu’il s’agit « d’une attaque contre nous tous. Nous ferons face à cette menace ensemble, avec tous les moyens nécessaires et une détermination sans faille » ….

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