Les désastres en zone Asie-Pacifique en 2015

Ce rapport de l’ONU appelle à des actions urgentes pour lutter contre l’augmentation des catastrophes urbaines en Asie-Pacifique.

En 2015, l’Asie-Pacifique a continué d’être la région du monde la plus sujette aux catastrophes. 160 catastrophes ont été signalées dans la région, ce qui représente 47% des 344 catastrophes naturelles totalisées au monde. La région portait le poids des désastres à grande échelle avec plus de 16.000 morts – le double par rapport à 2014. L’Asie du Sud représentait un chiffre stupéfiant 64% du total des décès mondiaux – la majorité ayant été attribuée au tremblement de terre de magnitude 7,6 qui a frappé le Népal en Avril et qui a causé 8790 morts.

L’Asie et le Pacifique ont subi plus de 45,1 millions de dollar de dommages économiques en 2015 et même des pertes indirectes plus élevées . Ces chiffres, cependant, sont largement sous-estimés car il n’y a pas d’évaluation systématique du coût de toutes les catastrophes qui ont frappé la région, en particulier les catastrophes à évolution lente comme les sécheresses, les canicules, les incendies de forêt et de la brume.

Les catastrophes en Asie et dans le Pacifique en 2015 ont confirmé que les villes en plein essor de la région ne sont pas suffisamment équipées pour faire face aux catastrophes urbaines qui se produisent plus fréquemment et avec une plus grande intensité. Plus de 700 millions de personnes dans la région vivent dans des villes à risque en cas de catastrophe «extrême» ou «élevée», et en 2030 ce nombre pourrait atteindre un milliard. L’expansion rapide de la population et l’épuisement des « tampons écologiques » tels que les zones humides et les masses d’eau sont une préoccupation importante, indique le rapport. Il note en outre, que, dans de nombreuses grandes villes en Asie-Pacifique une grande partie de l’infrastructure est obsolète et construite sans une attention suffisante à la résilience aux catastrophes.

L’année dernière, les centres urbains du Bangladesh, de l’Inde, l’Indonésie et le Japon ont été touchées par de graves inondations, tandis que la capitale Katmandou portait le poids des dommages économiques du tremblement de terre au Népal. Le rapport indique que les inondations généralisées à Chennai, en Inde en Décembre 2015 illustrent les défis communs rencontrés par de nombreuses grandes villes. Avec les tampons écologiques épuisés au fil du temps par une urbanisation rapide et non planifiée, les inondations ont dévasté les infrastructures critiques, perturbé les réseaux électriques et les routes principales de la ville gorgés d’eau. Les dégâts économiques des inondations dans Chennai ont été estimées à plus de 10 milliards de dollars. Le rapport appelle à un changement dans le paradigme de la gouvernance urbaine à partir d’une approche de récupération à une approche de développement sensible au risque.

Selon le rapport, un phénomène El Niño prolongé l’année dernière a attiré l’attention sur les catastrophes à évolution lente et souvent négligées oubliant sévèrement les effets des vagues de chaleur, des incendies de forêt, de la brume et des sécheresses. 2015 a été l’année la plus chaude enregistrée et le Pakistan et l’Inde ont signalé plus de 3.400 décès à la suite d’une canicule. La sécheresse a provoqué des pénuries d’eau et de nourriture graves dans une grande partie du sud et de l’Asie du Sud-Est et plusieurs morts dans le Pacifique. Les réservoirs dans certains pays étaient à des niveaux dangereusement bas et des millions d’hectares de cultures ont été détruits. Le rapport note que les décideurs ont l’occasion de repenser la façon dont la sécheresse est gérée. Plutôt que de traiter la sécheresse lorsqu’elle devient une urgence, elle devrait être abordée dans une perspective à long terme pour protéger les moyens de subsistance.

Pour construire une résilience Asie-Pacifique, le rapport appelle en outre à mettre davantage l’accent sur le développement sensible aux risques, et à un renforcement de la coopération régionale pour la gestion des catastrophes transfrontalières. Il préconise de capitaliser sur les technologies émergentes telles que les drones pour la gestion des catastrophes, mais insiste sur la nécessité d’établir des normes réglementaires pour une utilisation efficace de ces technologies.

Le rapport, se félicitant de la politique « Zéro perte » mis en œuvre dans les Philippines comme bonne pratique régionale, conclut que la réduction des risques de catastrophe ne peut être atteint sans une volonté politique et un leadership efficace à tous les niveaux de gouvernement.

Télécharger le rapport (en anglais)

Source URL: https://diplomatie-humanitaire.org/2776/